Entre un PC moribond et la « nationalisation » du Mac de madame, Jean-Charles Santini préfère toujours sa guitare.

Commençons par le commencement: premier ordinateur?

Un Atari, à 13 ans. C’était déjà pour bidouiller sur des logiciels de musique, comme Band in a Box ou la version antique de Qbase. Ce fut mon premier et mon dernier rapport avec l’informatique musicale. Par après, les deux n’ont plus jamais coïncidé. J’estime que la multiplicité de choix qu’offrent les technologies finit par faire oublier l’essentiel: la mélodie. Même Martin Gore, quand il compose pour Depeche Mode, le fait sur sa guitare.

A quoi sert l’ordinateur aujourd’hui?

Je suis un mail-addict. Dès que je rentre, je vérifie mes courriels, et la partie de ping-pong démarre. C’est presque pathologique. Mais cela reste toujours professionnel. Cela ne me sert presque jamais à dialoguer avec des amis par exemple.

Il y a le chat pour ça…

Même pas. J’ai été MSN. Mais j’ai tout arrêté il y a trois ans, quand là aussi, cela devenait une addiction. Avec ce phénomène bizarre qu’au final, quand vous retrouvez les gens dans la vraie vie, vous n’avez plus rien à leur dire. De ce point de vue-là, c’est vraiment un système qui met en danger une certaine sociabilité. En même temps, je dis ça, mais je suis un bobo de presque 30 ans. Et dans mon cas, si vous n’êtes pas sur Facebook, vous êtes un ovni.

Ou sur Myspace quand vous êtes musicien…

Pour les groupes émergents, cela n’a pas de prix. Cet outil est devenu très important. On peut se constituer un public Myspace plus éloigné de sa « base » de départ. Quand on est allé jouer à Bastia par exemple, une partie du public était clairement venue par ce biais-là.

Facebook par contre ne sert à rien. On est bien d’accord?

Cela a au moins un avantage: plus besoin en soirée de devoir noter le numéro de téléphone ou l’adresse de celui ou celle dont on vient de faire la connaissance. Il suffit de retenir son nom et son prénom. Là où c’est sociologiquement plus intéressant, c’est qu’avec ma toute petite notoriété, il arrive que des personnes que je ne connais pas me contactent. Je me fais donc une idée d’eux sur ce qu’ils donnent à voir sur leur espace: des photos, des vidéos… Quand plus tard, je les rencontre, c’est toujours très bizarre: comme l’impression d’avoir déjà fait tout un voyage ensemble… Ce n’est pas mieux ou moins bien: c’est juste différent. C’est l’époque aussi. Celle des réseaux sociaux qui fait qu’à 35 ans, tu es Alice au pays des merveilles. La chanson Le grand soir parle de ça finalement: « J’ai 30 ans et j’attends que le prince charmant vienne me taper sur l’épaule sur Facebook, parce qu’avec Meetic, je n’ai rencontré que des tocards. » Alors que le prince charmant est peut-être le voisin d’en face, mais pas de chance il n’a pas de compte Myspace…

www.myspace.com/mysaintandre

ENTRETIEN LAURENT HOEBRECHTS

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