Le Londres-Louxor

Vrai? Faux? Le Londres? Le Louxor? Le Londres-Louxor?! Dès l’étincelant prologue au style faussement historico-journalistique, Jakuta Alikavazovic brouille les pistes et nimbe son deuxième roman d’une atmosphère profondément mystérieuse qu’il ne quittera plus. Le Londres-Louxor est un cinéma historique à l’architecture d’inspiration immanquablement égyptienne. Mais l’édifice a été investi par la diaspora bosniaque de Paris. Un lieu étrange,  » non plus un point, mais une distance ». Deux soeurs y errent parfois: « Esme avait une vie privée, Ariana avait une vie secrète. » Recueillies à Paris par leur oncle, en 1992, alors que la guerre fait rage en Yougoslavie, Esme prête aujourd’hui son nom et son visage à un auteur réputé, Ariana est comptable. La première ne semble ne jamais être là. La seconde va carrément disparaître. On ne projette plus aucun film au Londres-Louxor, personnage à part entière du roman, mais les références sont cinématographiques à souhait: Esme, la brune, devient blonde, et rappelle que des motifs hitchcockiens traversent toute l’oeuvre de l’autrice. Écrivain qui n’écrit pas ses livres, Esme va s’enticher d’un critique littéraire, qui décide, lui, de ne plus lire… Choisi (à raison) pour grossir les rangs d’une collection de titres emblématiques des éditions de l’Olivier, le livre, initialement sorti en 2010, vient d’être réédité pour célébrer les 30 ans de la maison dans un format spécial (avec une postface inédite de l’autrice et une superbe nouvelle couverture). Le Londres-Louxor est un texte unique et habité.

De Jakuta Alikavazovic, éditions de l’Olivier, 224 pages.

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