Le cinéma d’horreur hispanique s’est développé dans un contexte culturel propice. Après L’Orphelinat, REC vient confirmer cette veine riche en frissons…

On croyait tout savoir des films de morts-vivants. Et voici que REC vient balayer nos certitudes en renouvelant brillamment ce sous-genre fréquenté parfois jusqu’à l’embouteillage. On pensait bien connaître aussi le film de hantise, mais L’Orphelinat ( El Orfanato) a mobilisé ses fantômes avec une force inconnue jusqu’ici. Nul hasard si ces deux bombes horrifiques sont l’£uvre de cinéastes espagnols, Jaume Balaguero et Paco Plaza pour la première, Juan Antonio Bayona pour la seconde. Avec, pour faire bonne mesure, le talen- tueux Guillermo Del Toro ( Le Labyrinthe de Pan) dans le rôle du coproducteur mexicain…

Il suffit de visiter certaines églises en Espagne et d’y découvrir peintures et sculptures plus terrifiantes de réalisme les unes que les autres, pour constater à quel point la tradition spirituelle locale s’imprègne volontiers d’horreur. Le dolorisme, doctrine attribuant à la douleur, jugée comme nécessaire, une valeur morale, est passé par là… Et de l’autre côte de l’océan, dans ce Mexique autrefois colonie espa- gnole, la très populaire Fête des Morts déploie encore régulièrement ses rituels macabres. Christs en croix portant au flanc des plaies béantes et au visage grimaçant de souffrance, confiseries aux formes de squelettes offertes aux enfants: le mort et le vif entretiennent dans une certaine culture hispanique des rapports très intimes…

RELIGION, ZOMBIES ET… CATCHEURS

Le très grand Luis Bunuel, auteur de chefs-d’£uvre comme L’Ange exterminateur, Viridiana, Belle de jour et Le Charme discret de la bourgeoisie, sut relayer cet imaginaire cruel à sa manière personnelle d’athée surréaliste. Ses films tant espagnols que mexicains et français accueillant bien des ombres inquiètes et des spectres sanglants. Mais c’est bien évidemment dans le cinéma de genre populaire que les morts-vivants prospérèrent surtout. Comme ces vampires des films de Paul Naschy (pseudonyme de Jacinto Molina) qui se firent les crocs dans les années 70, quand l’acteur et réalisateur n’abordait pas carrément l’Inquisition, autre manifestation spectaculaire de la cruauté religieuse ibère… Ou comme dans ces films mexicains à peine plus anciens où le… catcheur Santo affrontait, invincible, des hordes de zombies déchaînés!

Ces dernières années, une nouvelle vague de cinéastes jeunes, ambitieux et amoureux de frissons, a sonné l’heure de la relève en plaçant le niveau de leurs films bien au-dessus des (savoureux) nanars d’antan. Au milieu des années 90, Alejandro Amenabar ( Tesis, Les Autres) et Alex de la Iglesia ( Le Jour de la Bête) ouvrirent la voie aux Jaume Balaguero ( La Secte sans nom), Nacho Cerda ( The Awakening, G enesis) et autre Juan Carlos Fresnadillo ( Intacto). Ce dernier ayant signé voici quelques mois à peine un fulgurant film de zombies, 28 semaines plus tard. Pas plus que Fresnadillo, Balaguero ne semble prêt à faire des compromis. Son stupéfiant REC, où des pompiers et une équipe de télévision se retrouvent prisonniers d’une maison pleine de morts-vivants, aura plu, c’est sûr, à George A. Romero, celui qui lança le genre aux Etats-Unis en 1969 et qui nous offre aujourd’hui l’aussi neuf que frappant Diary Of The Dead. Le réalisateur de la célébrissime et toujours aussi secouante Nuit des morts-vivants étant par ailleurs, comme l’indique son nom, d’origine… hispanique.

http://movies.filmax.com/rec

TEXTE LOUIS DANVERS

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