Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Peu importe qu’on l’appelle art digital ou, comme au Québec, art médiatique, ce qui compte c’est que l’art numérique gagne un peu plus de reconnaissance à chaque jour qui passe. Une nouvelle preuve en sera donnée le 27 avril lors d’un événement à la maison de ventes Cornette de Saint Cyr Bruxelles. Au programme? Sol LeWitt, Jean Tinguely, Antoni Tapies, Daniel Buren, Panamarenko, des grands noms du design contemporain… mais également cinq oeuvres d’art numérique intégrées « physiquement » pour la première fois en Europe à une vente aux enchères. Cherchez l’erreur… Fidèle à sa réputation d’avant-garde -elle a été la première à adjuger de la photographie et de l’art urbain-, Cornette de Saint Cyr ne pouvait manquer le train de l’art digital. Pour proposer à ses collectionneurs des oeuvres qui tiennent la distance, la société de Pierre Cornette a fait appel à l’expertise de Nicolas Wierinck. A 41 ans, ce Belge fait valoir dix années de production en la matière mais également un passé d’organisateur de festivals d’art numérique (Cimatics). Selon lui, la vente est à comprendre comme « un pas supplémentaire vers la légitimation« . Il précise: « Trop souvent, on place l’art numérique à côté de l’art contemporain, ce qui est une erreur. Personnellement, je préfère parler de New Media Art, l’expression anglaise permet de mieux envisager cette mouvance qui, quelque part, n’est pas plus d’hier que d’aujourd’hui. A proprement parler, tout courant artistique a été à sa naissance un « New Media Art », il s’agit de ce moment de rupture où un artiste s’empare d’un médium qui lui est contemporain et en exploite les possibilités d’expression. » Le chemin de croix de l’art digital est-il en train de prendre fin? Possible, car après le travail des festivals et des centres qui répandent la bonne nouvelle aux quatre coins du monde (à l’image d’iMal à Bruxelles), l’art numérique s’expose désormais en galerie et, surtout, a désormais droit à une cotation officielle puisque c’est par le biais des ventes aux enchères que celle-ci s’établit. Tout est bien donc… Si ce n’est qu’il subsiste des questions, comme le soulève Wierinck. « Il y a encore beaucoup de pédagogie à apporter. La manière de pérenniser ce type d’oeuvres n’est pas encore claire pour tout le monde. Il apparaît de plus en plus que c’est une responsabilité partagée par l’artiste et le collectionneur, et qui doit se faire à travers un dialogue. Il faut que l’artiste explique la technologie qui est impliquée dans l’oeuvre, en pointant les limites et comment les dépasser à travers un upgrade. Finalement, ce n’est pas bien différent d’une toile pour laquelle il existe aussi des précautions à suivre. » Si ce n’est que l’on ne sauvegarde pas un tableau sur cloud… Reste que pour l’expert, pas de doute, « on est au début de quelque chose« . A suivre…

?ART CONTEMPORAIN & DESIGN, CORNETTE DE SAINT CYR, 89, CHAUSSÉE DE CHARLEROI, À 1060 BRUXELLES. DIMANCHE 27/04. WWW.CORNETTEDESAINTCYR.BE

MICHEL VERLINDEN

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