L’aigle des mers

© GETTY IMAGES

Les mémoires d’Errol Flynn, légende de l’âge d’or d’Hollywood, embrassent avec désinvolture un parcours épousant les contours de la légende.

C’est le témoignage d’une époque révolue, quand les stars hollywoodiennes étaient pareilles aux dieux de l’Olympe. Errol Flynn fut l’une d’elles, intrépide Captain Blood et non moins virevoltant Robin des Bois, dont le parcours scintillant fut pavé de frasques, de scandales et d’excès en tout genre, inaccessibles au commun des mortels et définitivement marqués du sceau du « politiquement incorrect ». Exploits qu’il prit le soin de compiler dans ses Mémoires ( My Wicked, Wicked Ways), avant d’être emporté par une crise cardiaque en 1959, âgé de 50 ans à peine, mais présentant, à en croire le médecin-légiste qui l’examina, le corps d’un vieillard de 85 ans.

Sur le fil de la légende

Le gaillard, il est vrai, ne s’était pas ménagé, et la lecture de ses mémoires (publiés aux États-Unis l’année de sa mort, et qui paraissent en français chez Séguier, « éditeur de curiosités ») aspire le lecteur dans un tourbillon. Originaire de Tasmanie, Flynn devait connaître une jeunesse mouvementée, embrassant précocement une vie d’aventurier qui le conduirait de l’Australie à la Nouvelle-Guinée, de Hong Kong aux Philippines, et bientôt jusqu’à l’Angleterre et aux États-Unis, exerçant au passage les activités les plus diverses: chercheur d’or, responsable de plantation, organisateur de combats de coqs (truqués), chasseur d’oiseaux de paradis, l’on en passe, comme escroc et même négrier;  » J’étais un peu jeune peut-être pour faire le commerce des esclaves mais c’était une façon reconnue de gagner sa vie » . Ivrogne patenté et séducteur compulsif par surcroît, lui qui devait aligner les conquêtes sans égard pour le jeune âge de certaines, ce qui en plus d’une réputation de coureur invétéré allait lui valoir quelques démêlés avec la justice, dont il se tira toutefois toujours sans dommages.

L'aigle des mers

Flynn était aussi un lecteur avide, et il aurait fait un excellent conteur, comme en témoignent ses aventures abracadabrantes relatées avec la désinvolture mais aussi la boulimie de quelqu’un ayant  » bien vécu, comme un glouton qui mord la vie à pleine dents, et j’imagine que peu d’hommes de notre siècle ont eu un aussi bel appétit de vivre » . Et tant pis, ou plutôt tant mieux s’il était également mythomane. Le hasard voudrait toutefois qu’il devint acteur de cinéma après avoir tâté des planches et de Shakespeare à Northampton, étant bientôt convié à Hollywood par Jack Warner. La suite, de Captain Blood à Objective Burma, en passant par Robin Hood, The Sea Hawk ou They Died with Their Boots On appartient à l’Histoire, Errol Flynn, avec ses qualités physiques et son charisme, ayant porté le film d’aventure vers des sommets rarement égalés. Toutes considérations dont il n’avait cure, préférant au cinéma la mer et les femmes, maîtresses des bons et mauvais jours d’une existence menée tambour battant, sur le fil de la légende.

Mémoires: Hollywood incorrect

D’Errol Flynn, Éditions Séguier, traduit de l’américain par France-Marie Watkins et Solange Metzger, 496 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content