Lady Lay

"" © © Sarah Etasse

Rappeuse de 22 ans à la chaude voix soul jazz, Layfullstop incarne la nouvelle vague hip-hop mancunienne. Indépendante, bouillonnante et ouverte d’esprit.

« Tout est gratuit à l’intérieur excepté le temps que vous y passez. » Retrouvée à un coin de rue, Mariah Nathan, alias LayFullStop, nous emmène au Ziferblat. Un espace partagé sur Edge Street, dans le Northern Quarter de Manchester. Au Ziferblat, il faut sonner pour entrer et on paie en sortant. Huit cents par minute et par personne. Le reste, c’est à l’oeil. Jeux, livres, journaux et magazines. Jus, thés, biscuits et gâteaux. L’endroit est à la fois grand et intime. British dans la déco et cosy dans l’atmosphère. Avec divans moelleux et moquette par terre.

Originaire de Jamaïque et des Indes occidentales, Lay, grandes lunettes, veste en jeans, boucle dans le nez et grain de beauté sur la joue (d’où le FullStop), est née et a grandi avec sa mère à Birmingham avant d’emménager à Manchester et d’y étudier la psycho et la crimino. Diplômée cette année (son travail de fin d’études se demandait comment le hip-hop était perçu dans la communauté noire), la jeune rappeuse à la bluffante voix soul/jazz donnait dans la matinée une conférence à des réfugiés pour leur expliquer comment on peut raconter et véhiculer son histoire non verbalement à travers la musique.

Lay, 22 ans, est plus proche de la scène hip-hop de la ville que de ses jazzmen pour le moment bien cotés comme les Gogo Penguin ou le trompettiste et compositeur Matthew Halsall, tous deux sur le label mancunien Gondwana Records. « J’ai toujours davantage écouté des chanteuses et des rappeurs que des rappeuses et des chanteurs. J’ai grandi avec le r’n’b. J’admirais Beyoncé, Lauryn Hill. C’est vers l’âge de seize ans que je me suis davantage intéressée à la soul. À quelqu’un comme Erykah Badu. Elle est fondamentale pour expliquer ce que je fais. Même au-delà de la géniale musicienne, cette femme noire, son approche spirituelle… »

Lay parle A Tribe Called Quest et grime, aime Syd Tha Kyd (The Internet) et Amy Winehouse. Quand elle dit hip-hop de Manchester, elle pense à la team Levelz, à Mouse Outfit, aux Children of Zeus et met l’accent sur quelques collectifs dans lesquels elle est impliquée. « Il y a Cul de Sac, un groupe d’amis aux personnalités très différentes qui font de la musique ensemble. Un projet plutôt fun dans lequel viennent se greffer les identités et les goûts de chacun. Il y a aussi Roots Raddix qui mêle hip-hop, soul, jazz, trap et grime. Une vibe très familiale… »

Le rap à Manchester se décline moins en termes de clubs et de QG que de soirées. « Il y a tellement de cafés, de subcultures, des galeries d’arts… Pas mal de lieux s’ouvrent au spoken word, au rap, aux poètes. Ces collectifs ne sont pas liés à des endroits particuliers de la ville. Dans Roots Raddix, personne ne vient à l’origine de Manchester mais c’est là que s’est cristallisé notre amour pour la musique. Tandis que dans Cul De Sac, je suis quasi la seule qui n’est pas du coin. Ça baigne davantage dans l’esprit d’ici. »

« Pourquoi la scène hip-hop n’a-t-elle jamais été aussi forte qu’aujourd’hui? », se demandait début 2016 le Manchester Evening News citant encore un Shotty Horroh ou encore Burgundy Blood. « La vibe est communautaire. C’est cool mais vibrant. On ne s’y prend pas trop au sérieux et on est de manière générale plutôt optimistes. Tout le monde est généralement relax. Les gens sont plus compréhensifs… Il y a plus d’opportunités aussi. »

Pour l’instant, Lay a un manager mais pas de label. Elle enregistre chez elle et n’a encore rien sorti en dur. Pas même un CDR. Elle se contente d’éditer en ligne. « Quand tu commences, tu es déjà content de pouvoir t’exprimer. Je suis sur Soundcloud et YouTube. Et j’ai depuis peu un morceau sur Spotify. C’est la manière la plus facile et la moins chère de faire les choses. »

J.B.

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