Avec 3 films majeurs – Blue Valentine, The Ides of March et, aujourd’hui, Drive-, auxquels il faut encore ajouter Crazy, Stupid, Love pour faire bonne mesure hollywoodienne, c’est peu dire que Ryan Gosling a crevé l’écran ces derniers mois, s’imposant tour à tour comme l’acteur le plus cool ou le plus hip du moment. Si son CV indique qu’il a grandi dans l’Ontario et qu’il a fait partie, enfant, du Mickey Mouse Club, où Christina Aguilera et Justin Timberlake sont au rang de ses partenaires, c’est avec les années 2000 que Gosling accède à un début de notoriété, lorsqu’il enchaîne coup sur coup Remember the Titans, aux côtés de Denzel Washington, et The Believer, pour Henry Bean. Suivent les fort estimables Murder by Numbers de Barbet Schroeder et autre Notebook de Nick Cassavetes, venus asseoir sa réputation naissante, que confortera l’injustement méconnu Half Nelson de Ryan Fleck. Sous les traits d’un prof toxicomane, Gosling laisse parler son charisme naturel, et impose en douceur un profil torturé -regard flottant et sparadrap à la lèvre en option, comme en clin d’£il au Nicholson de Chinatown.

Monolithisme et underplaying

Le film lui vaut une (première) nomination aux Oscars, et le pose en icône indé, statut qu’il va décliner sur divers modes, musical également, au sein de son groupe Dead Man’s Bones. Un statut qu’il peaufine aussi au gré de choix audacieux, qui le conduisent bientôt au cinéma de Derek Cianfrance et de Nicolas Winding Refn. Autopsie sensible du désamour d’un couple -celui qu’il compose avec Michelle Williams-, Blue Valentine voit Gosling laisser parler son sens de l’économie, en digne héritier de Robert Mitchum et de l' »underplaying ». Quant à Drive, outre le style et son charme singulier, l’acteur/pilote y impose un minimalisme assumé, profil fermé et monolithique de circonstance, dans la lignée de ceux qu’adoptèrent un Eastwood ou un McQueen.

Du bois dont l’on fait les stars, comme le confirme l’accueil fracassant réservé au film depuis qu’il enflamma la Croisette en mai dernier. A quoi Gosling ajoute la manière: le genre à avoir imposé personnellement le Danois Nicolas Winding Refn pour réaliser Drive (choix arrêté définitivement en bagnole, autour du I Can’t Fight This Feeling Anymore de Reo Speedwagon, cela ne s’invente pas); le genre encore à annoncer qu’il tournera ses 2 prochains films avec le même Refn ( Only God Forgives) et avec… Derek Cianfrance ( The Place Beyond the Pines); le genre, enfin, à ne même pas avoir à rougir de ses incursions dans le système, le très fréquentable Ides of March de Clooney, et le regardable Crazy, Stupid, Love, prototype du film propice à compléter le statut culte de celui de bankable. Si, à 30 ans à peine, Ryan Gosling voit Hollywood lui faire les yeux doux, tandis que la planète cinéma est suspendue à son sourire, le gaillard n’a, à l’évidence, pas l’intention de s’en laisser conter. La conduite, certes, mais en roue libre…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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