Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.20 RTL TVI

DE LAURENT JAOUI. AVEC YVAN ATTAL, FRANKA POTENTE, HANNS ZISCHLER.

Serge Klarsfeld lança un jour: « S euls les gens qui ont le goût du bonheur agissent, en soulevant des montagnes. » Et des montagnes, le couple « chasseur de nazis » en a explosées par massifs entiers pour que justice soit faite. Parce que c’est de justice dont il est question ici, et pas de vengeance, alors qu’il eût été si facile de liquider les anciens bourreaux du Troisième Reich évoluant dans l’indifférence quasi générale en France et ailleurs. Beate et Serge Klarsfeld ont traqué le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, durant douze ans et un jour. Sans fortune personnelle, sans appuis politiques, contre vents et marées, d’Europe en Amérique du Sud… jusqu’à ce jour de 83 où le « Boucher de Lyon » fut expulsé de Bolivie vers la France. La Bolivie où il s’était réfugié sous une fausse identité (mal falsifiée, ce qui a permis de mettre les Klarsfeld sur sa piste) et où il vendait son « savoir-faire » de bourreau contre les guérilleros d’extrême gauche. Chassez le naturel…

THRILLER HISTORIQUE

Proposé dans le cadre d’une soirée sur l’Holocauste (et suivi à 22.15 du documentaire De Auschwitz à Jérusalem), ce téléfilm signé Laurent Jaoui (le frère d’Agnès) est la preuve que la télévision peut encore jouer un rôle éducatif sans se départir des codes du divertissement. Une £uvre utile, donc, rigoureuse et honnête, mais aussi haletante, bien ficelée, rythmée, nerveuse. La traque de Klaus Barbie, qui mena à un procès exemplaire (il sera condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité) est ici racontée à la manière d’un thriller. C’est probablement avec ce genre d’£uvres qu’on pourrait imaginer un jour se passer du terme « devoir » qui précède souvent le mot « mémoire ». Cette Traque, portée par les très sobres et convaincants Franka Potente ( Cours, Lola, cours) et Yvan Attal, a de quoi réconcilier avec le petit écran tous ceux qui s’en étaient détournés. Et démontre aux producteurs frileux que non, un téléfilm français ne doit pas obligatoirement être à base de rillettes de porc et de portes qui claquent pour fonctionner.

Myriam Leroy

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