Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

21.25 LA UNE

AVEC INGRID CHAUVIN, LINDA HARDY, BABSIE STEGER.

Paris, Chinatown, une fille se fait balancer du haut d’un immeuble par des types à la mine patibulaire. On trouve dans le coffre d’une voiture les corps sans vie d’un flic et du neveu d’un homme d’affaires chinois. « Dans quel merdier tu t’es foutu, Sibony? », ronchonne Sandra Longo (Ingrid Chauvin), commissaire divisionnaire à la Crim’, en découvrant le cadavre de son collègue refroidi. Sacré merdier, en effet, que cette affaire de drogue, de clans, de racket et d’intimidation sur laquelle elle va enquêter. D’autant qu’elle retrouvera en chemin une ancienne collaboratrice (Linda Hardy) reconvertie dans la déco (!), menacée par de méchants Chinois, et dont le neveu sera enlevé. Malgré l’intérêt évident du thème de ce deuxième volet de la saga La Taupe (le premier, diffusé en 2006, se déroulait au Bureau Interrégional des douanes de Bordeaux) et des lieux où il a été filmé, il symbolise tout ce que la fiction française peut faire de raté, vain, ridicule. Par où commencer?

BOTOX

Epinglons d’abord les personnages, stéréotypés comme des Spice Girls. Ensuite, les cascades, dignes d’un épisode des Power Rangers tourné en 20 minutes dans le jardin du réalisateur. On y entend presque les comédiens (parmi lesquels on retrouve la Hilguegueu de Salut Les Musclés) compter jusqu’à trois dans leur tête avant de choir sur le sol. Et quand Ingrid Chauvin fait des roulés-boulés dans le sable, sanglée dans un jean moulant qui lui paralyse les membres inférieurs, c’est quelque chose. Une Chauvin aux coutures derrière les oreilles prêtes à craquer (à moins que ce soit l’effet Botox), tant la peau de son visage est tirée. Voilà une disposition faciale peu propice à la multiplication des expressions: les nuances de jeu d’Ingrid oscillant donc exclusivement entre la neutralité et l’air étonné. Mais la Miss est éminemment bankable, et super sexy dans son petit blouson de dure à cuire -, en particulier quand elle effectue une descente dans des bordels chinois tendus de satin pourpre, prétexte à montrer des filles à demi-nues et une mère maquerelle canon à tendance lesbienne. Parmi les options risibles prises par le film, il y a surtout la récupération de toute une imagerie américaine, qui ne fonctionne que là-bas (et encore): comme ces mecs qui se baladent avec des silencieux dans la rue pour buter proprement ceux qui commencent à collaborer avec la police: « Le méchant que vous cherchez est caché au…  » PAN! Finalement, le plus grand mystère de La Taupe 2, c’est la raison pour laquelle la RTBF, qui coproduit la mini-série avec TF1, s’est foutue dans ce merdier, elle aussi.

Myriam Leroy

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