La Route de Lafayette

Tom McArthur et son fils de 16 ans, Murdo, quittent l’Écosse vers l’Alabama, où ils espèrent changer d’air chez Tante Maureen et Oncle John. Les deux hommes portent un fardeau endeuillé. Ils viennent de perdre une femme et mère, emportée par ce même cancer qui, quelques années plus tôt, leur avait enlevé leur fille et soeur, Eilidh. La communication entre eux est âpre, rongée par les non-dits et la maladresse. Au cours de leur périple, Murdo s’éloigne un instant du parking des cars et assiste à un rassemblement musical impromptu. Galvanisé par la scène, il accepte de partager quelques morceaux à l’accordéon avec Queen Monzee-ay, figure de la musique zydeco (genre musical originaire de Louisiane, proche de la musique cajun) et sa petite-fille, Sarah. Les deux musiciennes, enthousiasmées par le talent brut du garçon, l’encouragent à les rejoindre quelques jours plus tard à un festival à Lafayette. Murdo voit dans cette échappée possible une balise à laquelle se raccrocher pendant son séjour. Mais comment rassembler l’argent et dénicher un accordéon? Comment faire accepter cette envie à son père, si buté et pétri de principes dès lors qu’on est invité dans sa famille? James Kelman saisit la vie d’un adolescent à la charnière cruciale de l’émancipation avec beaucoup de grâce et de justesse. Murdo est aussi émouvant qu’empoté, feu follet dès que ses doigts retrouvent les touches, taciturne dans ce monde d’adulte dans lequel il tâtonne encore. Plongés dans un atlas de l’Amérique, ses rêves de musique passe-muraille élargissent le carcan de l’austère Écosse et rendent moins invivable la tragédie familiale. Jusqu’à ce qu’il puisse enfin  » laisser les bons temps rouler »?

De James Kelman, éditions Métailié, traduction de l’anglais (Écosse) par Céline Schwaller, 384 pages.

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