BOB ODENKIRK INCARNE AVEC LA JUBILATION QU’ON LUI CONNAÎT JIMMY MCGILL, HOMME DE LOI CORRUPTIBLE AU DÉBIT MITRAILLEUR, AVANT QU’IL NE DEVIENNE SAUL GOODMAN. PRÉSENTATIONS.

Dans la vraie vie, Bob Odenkirk parle au moins aussi fort que son personnage à l’écran. D’ailleurs, il s’en dégage la même aisance élastique, ses réponses kilométriques se doublant de mimiques compulsives à l’énergie quasi cartoon. En clair, l’acteur EST Saul Goodman. Ou plutôt Jimmy McGill, en l’occurrence, délectable anti-héros en devenir. « Dans Breaking Bad, on ne sait pas vraiment qui est Saul Goodman. On ne le suit jamais après sa journée de travail. Saul est un personnage public, en constante représentation, que s’est fabriqué Jimmy. La question que Vince et Peter se sont posée au moment d’écrire ce spin-off est la suivante: « Quels problèmes le fait de devenir Saul Goodman résout-il? » Qui est ce type, qu’est-ce qui le pousse à enfiler un costume et se comporter de cette manière? Il y a une dimension universelle là-derrière: la plupart des gens ne savent pas qui ils sont dans leurs jeunes années. Pourtant, ils ont l’intuition d’avoir la capacité d’accomplir certaines choses bien spécifiques. Dans le cas de Jimmy, il sait qu’il a la tchatche, de l’aplomb, qu’il est doué pour manipuler son entourage, mais il n’a pas encore trouvé ni où ni comment exploiter pleinement ces aptitudes. Bref, il cherche encore sa place dans un monde qui ne veut pas forcément de lui. Moi-même quand j’étais jeune et que je prenais part à des spectacles humoristiques, j’étais le moins drôle du lot, et pourtant je sentais que j’avais du potentiel. Je ne savais pas encore que j’étais plutôt destiné à aller faire le comique dans un drame, au milieu de types armés et à bout de nerfs (sourire). »

Tomber le masque

Fan hardcore des Monty Python passé par la radio et le théâtre d’impro, Odenkirk écrit et joue pour la télévision (Saturday Night Live, The Ben Stiller Show…) à la charnière des années 80 et 90, enchaîne les petits rôles au cinéma et réalise même trois films dans les années 2000 avant d’intégrer, à près de 50 ans, le cast de Breaking Bad dans un épisode, le huitième de la saison 2, déjà intitulé… Better Call Saul. « Personnellement, je me sens plus proche de Jimmy que de Saul. Saul Goodman est ce genre de type grande gueule, à la duplicité à peine voilée, pour qui la vie est un jeu, et le mensonge le meilleur des alliés -croyez-moi, je sais de quoi je parle, je suis dans le show-business depuis plus de 30 ans (sourire). Jimmy, quant à lui, se confronte au monde -et à ses sentiments, ses espoirs, ses rêves- frontalement, sans masque ni bouclier. Et il en souffre. »

En phase avec la version rajeunie de son personnage phare, l’acteur est aujourd’hui au centre de l’attention, mais rejette toute forme de pression. « De saison en saison, Breaking Bad est devenu un tel phénomène qu’il peut sembler présomptueux de s’y mesurer aujourd’hui à travers une série dérivée. Mais l’enjeu est ailleurs. Et, quoi qu’il en soit, Better Call Saul ne s’est pas faite pour de mauvaises raisons. Vince et Peter sont les mecs les plus purs de la Terre. Je peux vous le garantir: s’ils se sont lancés dans l’aventure, c’est qu’ils ont vraiment quelque chose à raconter. »

N.C.

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