Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Pédale dure – Pour leur deuxième album, les Klaxons évitent l’embardée en durcissant le ton. Salutaire, à défaut d’être tout à fait convaincant.

« Surfing The Void »

Distribué par Universal.

Comment survivre au succès d’un premier album? Apparemment, cela n’est pas si évident que cela. Ce l’est encore moins quand ce même disque devient une sorte d’étendard, la référence d’un mouvement plus large. En 2007, les Klaxons sortaient leur première galette, et touchaient directement le jackpot (entre autres, sous la forme d’un Mercury Prize, récompensant le meilleur album britannique de l’année). Dans la foulée, les Londoniens ne se sont pas fait priés pour enfiler le costard -fluo- de chef de file du courant baptisé « nu-rave ». Une bonne blague, comme souvent, qui était moins une révolution musicale qu’une redécouverte du mouvement rave de la fin des années 80, repiquant aussi bien les plans éthiques -le rock mixé à la dance-, qu’esthétiques -couleurs flashy et smileys au programme. Ainsi, le Myths of the Near Future des Klaxons n’avait peut-être rien de « mythique », ni de vraiment « futuriste », au moins correspondait-il assez bien à son époque.

Trois ans plus tard, les choses sont forcément un peu différentes. Plus personne n’utilise le terme nu-rave. Les Klaxons eux-mêmes ont traîné en route. Par exemple en jetant à la poubelle par 2 fois le travail déjà entamé pour leur deuxième galette (d’abord avec Tony Visconti, ensuite avec Simian Mobile Disco). Pas facile de retrouver une cohérence, ou plus simplement une identité après la frénésie. Tout cela n’a évidemment contribué qu’à faire monter un peu plus la pression: scénario classique.

Pied au plancher

A la base, il y a donc pas mal de raisons de se méfier de ce Surfing The Void. Mais des faits d’abord. Premièrement, fini de danser. Même si Myths of the Near Future n’était pas à proprement parler destiné au dancefloor, loin s’en faut, Surfing The Void règle une bonne fois la question. A coup de grosses guitares notamment. Pas un hasard si c’est finalement Ross Robinson qui a pris en charge la production: le bonhomme s’est occupé auparavant du son des néo-metalleux de Limp Bizkit (…), mais aussi, insistent les Klaxons, du brûlot hardcore Relationship of Command d’At The Drive-In. Du lourd donc, à l’image du titre Surfing The Void, pas loin de faire penser à une version plus pop des concassages bruitistes des Liars.

L’avantage de la formule est que les Klaxons arrivent à y distiller une certaine urgence. Après avoir tellement tergiversé, tourné en rond, multiplié les pistes, cela tient presque du mi-racle, on l’avouera. C’est l’exemple d’ Echoes, parfait premier single au pouvoir de séduction instantané. Même les références fumeuses à la science-fiction et à un certain psychédélisme n’arrivent pas à plomber la démarche: les Klaxons ne sont pas (encore) Muse (ni MGMT d’ailleurs)…

En fait, même dans les morceaux plus quelconques ( Valley of the Calm Trees), les Klaxons affichent une dégaine typiquement britannique, posture à la fois cool et bravache. A nouveau, si le groupe a souffert du stress du second album, cela ne s’entend pas. Cela ne fait pas de Surfing The Void le chef-d’£uvre de l’année. Mais pas non plus l’album bouffi redouté. En fait, il montre surtout que le groupe n’a pas besoin d’une étiquette -la nu-rave- pour briller. Il se suffit à lui-même. Cela n’est déjà pas si mal.

Laurent Hoebrechts

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