Quand on fait rire à ses dépens, quand on horripile jusqu’au plus zen… on sait que le buzz n’est pas loin. Drôle de star system.

La chronique de Myriam Leroy

Le mot « buzz » est aux médias généralistes ce que « tendance » (voire « trendy » ou « hype ») est à la presse féminine branchouille. Un terme galvaudé, un brin ringard, qui ne veut pas dire grand-chose et qui est donc d’une grande utilité comme cache-misère pour masquer un criant manque d’inspiration.

Version magazine féminin parigot: un trou dans la page? Une couverture qui crie famine? Et si on glosait sur… heeeu… Ah ben tiens, le sarouel en cuir! Il nous semble avoir aperçu un people avec un truc du style sur les fesses. ça y est, on est autorisé à écrire que le morceau de tissu est « tendance ». Et comme on s’attend à ce qu’après parution, des pantalons du type fleurissent dans la rue, on pourra même se féliciter d’avoir flairé la mode avant tout le monde. L’affaire est pliée.

Version médias généralistes: comment remplir nos pages ou notre antenne quand rien ne se passe? En relayant un buzz, pardi! Et on ne va pas chipoter: devient buzz ce dont on a déjà entendu parler par deux fois. De toute façon, si tout va bien, ça fera boule de neige et l’emballement médiatique légitimera a posteriori l’exposition qu’on offre au sujet.

Sander et Vendetta

Voilà comment Cindy Sander est devenue starlette. Et s’affiche aujourd’hui (le dimanche à 17 h 45 sur Plug RTL) dans une téléréalité sur sa vie, son £uvre: Bienvenue chez les Sander. Ou l’histoire d’une modeleuse d’ongles qui a toujours cherché la célébrité, et qui la trouve à la faveur d’une grosse partie de rigolade à ses dépens. Un peu triste, le conte de fées: le « Papillon de lumière » a un joli brin de voix, mais s’est tant précipité sous les projecteurs que ses ailes sentent le roussi. « A la limite, ça me fait pleurer », serait-on tenté de dire – en paraphrasant Jean-Marie Dedecker à propos du paysage wallon – quand on voit l’enthousiasme de la demoiselle à se tirer dans le pied.

En revanche, Mickael Vendetta, lui, fait rire vraiment, franchement, et sans aucun complexe. Vendetta (rien à voir avec David) accapare égale-ment l’attention des médias. Lui aussi est un « buzz », lui aussi a droit à sa téléréalité, à voir sur trendyprod.com. Trendy prod (« trendy », tiens tiens…) étant la société de production qui a réalisé le show sur Cindy Sander. Le jeune homme a inventé le concept de « bogossitude », qu’il explique par la maxime  » Bois pas, fume pas, ne te drogue pas, fais du sport et tu deviendras un réel bogosse! » Pas forcément débile, la devise. Mais derrière elle, se cache un mec qui se prend pour Brad Pitt, déteste les moches – jaloux de son physique d’Apollon – et ne parle qu’aux « winners ». Pourquoi est-il devenu célèbre? Parce qu’il est con. Tout simplement. Mickael Vendetta est la « star » régressive par excellence. Quand on l’écoute un peu longtemps, on se surprend à vouloir l’attacher au radiateur du fond de la classe, puis à le canarder de boulettes de papier. Vendetta est de ceux qu’on adore détester, un défouloir formidable. On se doute bien que le personnage est fabriqué, si pas de toutes pièces, en tout cas en grande partie. Mais il fascine tellement qu’on n’écoute pas les pragmatiques qui pensent qu’il a été inventé par Trendy Prod pour faire tourner la boîte. Finalement, les médias généralistes ont un énorme avantage sur la presse féminine « hype »: chez les premiers, la moquerie est l’alliée du buzz, chez l’autre, du bide.

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