De tous les gimmicks musicaux popularisés par le cinéma, le James Bond Theme est sans doute le plus connu -à la mesure de la légende du personnage, dont il participe de l’ADN au même titre que la séquence du barillet de revolver des génériques de Maurice Binder, les Bond Girls, les gadgets et autres cadres exotiques. Si John Barry en a écrit l’orchestration instrumentale classieuse, emblématique de 007 dès Dr No, la paternité du morceau revient pourtant à Monty Norman, qui l’avait composé dans les années 50 sous forme de chanson pour une comédie musicale avortée, A House for Mr. Biswas, d’après Naipaul. On sait ce qu’il en advint, Barry lui donnant son irrésistible forme définitive, bien aidé par l’ensorcelante guitare surf de Vic Flick. Après quoi, l’immense compositeur britannique allait marquer la série de son empreinte, contribuant à en définir le style à travers pas moins de onze scores et divers thèmes, instrumentaux (le bien nommé 007 Theme, exploité dès From Russia with Love; ou encore celui, insurpassable, de On Her Majesty’s Secret Service) ou vocaux.

Si une demi-douzaine de compositeurs (et non des moindres, puisqu’il y aura là Marvin Hamlisch, David Arnold ou, aujourd’hui, Thomas Newman) succéderont à Barry au fil des épisodes de la franchise, divers artistes seront bientôt invités à interpréter la chanson-titre du film, Shirley Bassey donnant ses lettres de noblesse à l’exercice dès Goldfinger (la chanteuse galloise sera à nouveau mise à contribution pour Diamonds Are Forever et Moonraker). Les génériques de Bond sont d’ailleurs autant de rappels des tendances musicales du moment: Tom Jones ( Thunderball), Nancy Sinatra ( You Only Live Twice) ou Dionne Warwick ( Mr. Kiss Kiss Bang Bang, d’après le surnom japonais de 007, chanson non reprise dans la bande-son définitive de Thunderball cependant) prêtent leur timbre aux films des sixties; les Wings de Paul McCartney ( To Live and Let Die) ou Carly Simon ( The Spy Who Loved Me) enrobent ceux des années 70, là où Duran Duran ( A View to a Kill) et a-Ha ( The Living Daylights) accompagnent le déclin des années 80.

Suivront, avec une inégale inspiration, Tina Turner ( GoldenEye), Sheryl Crow ( Tomorrow Never Dies), Garbage ( The World Is Not Enough) ou encore Madonna ( Die Another Day), la tendance récente étant à un durcissement relatif de l’affaire qui a vu Chris Cornell d’abord, Jack White et Alice Keys ensuite, s’acquitter des thèmes vocaux des évolutions de 007 version Daniel Craig. En attendant -changement de registre annoncé?- de découvrir la contribution de Adele au mythe de James Bond, la chanteuse britannique étant appelée à donner de la voix sur Skyfall… Vous avez dit dans l’air du temps?

J.F. PL.

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