Réalisateur du poétique The Taste Of Tea, Katsuhito Ishii préside le jury international du BIFFF. Ce cinéaste nippon préfère l’imaginaire à l’horreur. Portrait.

Texte Louis Danvers

Texte Louis Danvers

C’est dans la tête, docteur! Mais quelle tête bien remplie que celle de Katsuhito Ishii, adepte nippon d’un fantastique de l’esprit, aux couleurs du quotidien et du rêve, à des lieues des déchaînements d’horreur que déclenchent tant de ses collègues. Le film qui l’a révélé en Occident, The Taste Of Tea, chroniquait l’existence d’une famille joliment loufoque, dont la fille cadette a… un double géant qu’elle aimerait bien faire disparaître. Sous le titre rappelant ceux de certains chefs-d’£uvre de Yasujiro Ozu, le grand poète minimalo-réaliste du cinéma japonais des années 30 à 60, Ishii nous offrait une plongée unique dans un petit monde excentrique et tendre, où les phénomènes surnaturels semblent presque naturels à ceux qui les vivent ou les observent.

Certes, une belle tradition du cinéma fantastique made in Japan professe une certaine intériorité, une louable économie d’effets et une inscription du fantasme dans la réalité. Mais là où un Hideo Nakata ( Ring, Dark Water) se donne pour but ultime de générer la peur, Katsuhito Ishii pratique un art plutôt bienfaisant. Président du jury au Belgian International Fantasy Film Festival, on ne sait s’il penchera vers les films les plus terrifiants de la compétition, ou vers ceux qui aspirent à cette sérénité dont il est l’un des nouveaux maîtres. Cinéphile attentif, nul doute qu’il saura en tout cas voir les sélectionnés pour ce qu’ils sont.

Pour le plaisir des yeux

Ishii fait partie des nouvelles figures marquantes du cinéma japonais. Venu de l’univers de la publicité (il y remporta de nombreuses récompenses), ce passionné de manga s’illustra une première fois en adaptant la BD de Minetaro Mochizuki Shark Skin Man And Peach Hip Girl. C’était il y a tout juste dix ans, et il y dirigeait déjà le charismatique Tadanobu Asano, acteur emblématique de la jeune génération nippone. Deuxième plus gros succès nippon de 1999, ce film lança Ishii qui récidiva très vite avec un autre succès, Party 7… et toujours avec Asano, qui devait plus tard jouer également dans The Taste Of Tea. Résolument contemporain, même s’il cultive un amour sincère pour les classiques, le cinéaste ne s’est pas privé de faire quelques détours par l’animation, avec des séries dont certaines en 3D. Funky Forest, son long métrage de 2006 coréalisé avec Hajime Ishimine et Shin’ichiro Miki est resté jusqu’ici inédit chez nous. Il a vous devinez qui en tête de générique et se présente comme… une comédie musicale de science-fiction bizarre et surréaliste! L’humour et la poésie s’y marient dans une imagerie souvent stupéfiante de beauté, donnant au spectateur le sentiment d’avoir lui aussi des visions, comme le personnage de la petite Sachiko dans The Taste Of Tea… l

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