LE PETIT ÉCRAN A LES YEUX RIVÉS SUR SA BRAGUETTE. DERNIÈRE-NÉE DES SÉRIES AYANT LE SEXE COMME PRÉTEXTE: XANADU, D’ARTE.

La télé baisse son pantalon sans complexe désormais. Mais on constate qu’elle a la fesse triste. En particulier en France, dont les dernières productions audiovisuelles basées sur la bagatelle n’ont rien de gaudriolesque. On baise dans tous les coins, certes, mais mal. Trop vite, trop brutalement, trop crûment, trop sèchement. Avec des personnes mal intentionnées, qui dévoilent sans grâce une intimité qui n’a plus rien d’excitant. Prise de température.

Froid

Xanadu (Arte)

Petite dernière d’Arte, elle a remporté le prix de la meilleure série française au Festival Séries Mania. Xanadu est le nom d’une société de production de films pornographiques, portée par la famille Valadine. Dont le patriarche, Alex (Jean-Baptiste Malartre, de la Comédie français), voit son empire s’effondrer avec l’avènement du Net et du X cheap bidouillé à la webcam. Son fils aîné, Laurent (Julien Boisselier), veut reprendre le flambeau mais se fait tirer dessus et tombe dans le coma. C’est donc la fille pestiférée et bannie qui va s’en charger. Xanadu dévoile un univers violent, sanglant, hanté et glauque. Où malgré les scènes très explicites (tournées en partie par des vrais comédiens X), on ne prend jamais aucun plaisir. A voir jusqu’au 21 mai sur Arte, et jusqu’au 28 (en j+7) sur le site d’Arte.

Pigalle, la nuit (Canal +)

Contrairement à ce que la presse branchouille parisienne semblait en dire à sa sortie, cette série ne révolutionne pas le genre. Elle a même pas mal des défauts qu’on reproche aux feuilletons français en général, c’est-à-dire des dialogues trop écrits, des énormités dans le scénario et des personnages auxquels on ne croit pas toujours. Cela dit, Pigalle, la nuit séduit par son atmosphère glauque, qui met réellement mal à l’aise, et l’originalité de son point de vue: la série parle moins de sexe (elle s’intéresse aux bars -souvent louches- de strip-tease parisiens) que de la vie d’un quartier.

Tell me you love me (HBO)

Dans le genre cru, la série fait fort. Mais que ceux qui pensent avoir affaire à une fiction émoustillante passent leur chemin. Parce que si on voit des fesses et des seins, elles sont assorties de poils, cellulite, bleus au corps et au c£ur, larmes et désespoir. L’intimité toute nue et toute crue n’est pas forcément excitante. Trois couples sont au c£ur de cette chronique du quotidien amoureux: des adulescents qui rompent juste avant leur mariage, des trentenaires qui n’arrivent pas à faire d’enfant, et des quadras qui ne se sont plus touchés depuis un an. Tous vont voir la même thérapeute, sexagénaire elle-même en couple, et traversant aussi des turbulences. Sensible et souvent douloureux.

Tiède

Maison close (Canal +)

Gros moyens pour cette fiction qui situe son intrigue dans un bordel parisien, à la fin du XIXe siècle. La meilleure maison de Paris, dit-on. Où les fesses sont poudrées comme il faut. Et les m£urs plutôt étranges. Les officiers de police du coin y encouragent la prostitution, les filles sont embrigadées de force… Quelques scènes gentiment érotiques ponctuent Maison Close, dont 6 épisodes sur 8 sont réalisés par le cinéaste Mabrouk El Mechri ( JCVD). Mais la violence d’une époque dépeinte avec anachronisme (cf. une B.O. plutôt rock) rend les échanges de fluides assez tendus.

Hard (Canal +)

Une quadra endeuillée doit reprendre la société de son mari. Qui, elle l’ignorait, était producteur de porno. La veuve bourgeoise découvre alors une sacrée ménagerie, au sens propre (l’utilisation de poules est légion, chez Sophi’X) comme au figuré (trans, personnes âgées, nains…). Le décalage humoristique entre ces 2 univers est un peu lourdaud, mais Hard, qui joue sur un mode plus comique que ses cons£urs, est plutôt agréable à suivre. Mais excitant, ça non.

Nip/Tuck (FX)

Cette série dévoile les corps à l’horizontale. Tant sur les tables d’opération que dans les lits des chirurgiens. Elle les dépiaute sans délicatesse et avec une optique souvent malsaine, mais quelquefois, ses protagonistes ont l’air de s’amuser.

Californication (Showtime)

Hank Moody, écrivain à la dérive, aligne les shots de vodka et les femmes dans son lit. Un propos paradoxalement moral et romantique, parce que Californication cultive le fantasme de trouver sa moitié et de lui passer la bague au doigt pour fonder un foyer baigné d’amour et de jus d’orange pressé. Le sexe débridé étant un argument de vente un brin surfait puisqu’on ne voit rien ou presque et qu’au bout du compte, Hank Moody échangerait toutes les strip-teaseuses et nymphomanes du monde pour son ex.

Chaud

True Blood (HBO)

Alan Ball ( Six feet under) laisse ici libre cours à son imagination débridée. Sa série vampirique regorge de scènes d’orgies, de fornications métissées (vampires et humains, loups-garous et humains, tout le monde ensemble) et de métaphores SM. Le sexe est ici vraiment récréatif, et les seules victimes qu’il fait sont celles qui sont croquées de leur plein gré par des créatures incontrôlables.

Sex and the City (HBO)

On ne voit rien mais on parle beaucoup de cul, dans le microcosme new-yorkais de Carrie et ses copines. Samantha, en particulier, est la sainte patronne des femmes cougars: assoiffée de sexe, elle couche pour le fun et pour rien d’autre, et elle s’amuse comme une adolescente. Culotté.

TEXTE MYRIAM LEROY

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