Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

NORWEGIAN WOOD – L’INTRÉPIDE HANNE HUKKELBERG MARCHE SUR LES PAS ENNEIGÉS DE STINA NORDENSTAM, EMILIANA TORRINI ET AUTRES FÉES DE LA MUSIQUE SCANDINAVE. GLISSANT ET GIVRÉ.

« FEATHERBRAIN »

DISTRIBUÉ PAR PROPELLER RECORDINGS/MUNICH.

Juger un disque sur sa pochette, c’est prendre le risque de ne jamais jeter une oreille sur Their Satanic Majesties Request, Blood Sugar Sex Magic, Hunky Dory et Pablo Honey. Et, ne serait-ce que l’an dernier, le Parallax d’Atlas Sound ou encore le Carrion Crawler/The Dream de Thee Oh Sees. Oubliez donc l’affreux emballage du dernier Hanne Hukkelberg. Au mieux, il évoquera un projet électro hippie petzouille et vaguement world à mille lieues des univers étranges soigneusement dessinés par la fille du grand nord.

Comme Björk, Emiliana Torrini, Ane Brun et Stina Nordenstam à laquelle sa voix fait parfois sacrément penser, Hanne Hukkelberg nous vient du froid, des hivers interminables et des nuits sans fin. Hanne naît en 1979 à Kongsberg en Norvège. Son père est organiste d’église et conduit une chorale. Sa mère chante et joue du piano. La voie est à la fois sinueuse et toute tracée. Hanne tâtonne de l’instrument dès l’âge de 3 ans. Joue dans un groupe de metal (Funeral) en secondaire et termine diplômée du conservatoire d’Oslo… La Scandinave chérit la liberté et cultive l’ouverture d’esprit. Elle s’investit d’ailleurs dans des tonnes de projets qu’ils soient metal, prog, rock ou jazz, et truffe ses albums de sonorités incongrues. Bruits de chandeliers, sonnettes de bicyclettes et autres ronronnements de chat…

Hanne solo?

Elle n’a pas encore le succès de la charmante Italo-islandaise mais si Emiliana Torrini a chanté Gollum’s Song pour Le Seigneur des anneaux, Hanne Hukkelberg, plus torturée, a apporté sa petite contribution à la bande originale du Monde de Narnia ( Le Prince caspien).

Il y a de l’imagination, de la subtilité, de l’audace et de la délicatesse, de la noirceur et de la vitalité, de la retenue et de l’exubérance, dans les chansons de la Norvégienne.

Enregistré à New York et mis en boîte avec le producteur et multi-instrumentiste Kåre Vestrheim (Motorpsycho, Jaga Jazzist, Shining…), le guitariste Ivar Grydeland, la choriste Mai Elise Solberg (Ontz, Vom), ou encore son propre père Sigurd Hukkelberg, Featherbrain boucle, selon la principale intéressée, un premier cycle dans sa carrière. Cette carrière quelque part d’ailleurs, il la résume. Touchant. Imprévisible. Débridé.

Typiquement nordique dans ses ambiances, porté sur l’expérimentation, se jouant des styles et des conventions, ce 4e album ravit dans son dépouillement bricolé ( The Bigger Me) comme dans son excentricité scandinave, rappelle Karin Dreijer Andersson de The Knife ( My Devils) et va jusqu’à évoquer les délires de l’Américaine tUnE-yArDs ( You Gonna). Featherbrain se termine sur Erik, un improbable et étrange duo en norvégien avec Erik Vister, 88 ans. Il n’y a pas d’âge pour aimer Hanne Hukkelberg. l

WWW.HANNEHUKKELBERG.COM

JULIEN BROQUET

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