Hagard

Un homme, attablé, en attend un autre: une histoire de faillite et de vente de terrain familial afin d’éponger une dette. Son rendez-vous se fait attendre, Philip perd patience, puis sa place dans le café. Au-dehors, dans la lumière de cette fin d’après-midi et de début de printemps zurichois, il aperçoit deux ballerines parmi la foule des gens pressés de rentrer chez eux. Animé d’une pulsion irrépressible, Philip, qui n’a ni les airs d’un harceleur ni les atours d’un tombeur, décide de les suivre à distance, et par conséquent la ravissante jeune femme qui les a chaussés et dont il ne verra pas le visage. Sorte de version contemporaine d’une Cendrillon inconnue qui aurait gardé ses deux pantoufles, cette fuite en avant tragique d’un quarantenaire décidé pour une fois à laisser parler son instinct dit beaucoup de notre société de contrôle dans laquelle qui ne  » prend pas la liberté d’embrasser et qui ne se laisse embrasser n’embrassera jamais« … Un récit court, sur 48 heures, qui laissera son personnage coincé tout un été dans le train de banlieue où l’a conduit sa quête… D’une simplicité rythmée, Hagard du Suisse Lukas Bärfuss réinsuffle la loi du désir dans une société de consommation d’où a été évacuée la « consumation »…

de Lukas Bärfuss, Éditions Zoé, traduit de l’allemand par Lionel Felchlin, 160 pages.

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