DE MILDRED PIERCE À DON’T BE AFRAID OF THE DARK, ENTRE PETIT ET GRAND ÉCRAN, L’ACTEUR DE MEMENTO POURSUIT UN PARCOURS ATYPIQUE…

Guy Pearce compte parmi ces comédiens dont l’impact semble inversement proportionnel à leur temps d’écran. Un spécialiste des apparitions éclair que le public guette, de The Road en The Hurt Locker; le genre encore, si d’aventure il lui arrive d’incarner un roi, à abdiquer aussitôt, comme Edward VIII dans The King’s Speech. Si l’acteur s’accommode sans guère d’états d’âme de ce statut – « c’est assurément excitant, même si on a tendance à oublier les films auxquels on a participé », s’amuse-t-il-, c’est sans doute aussi parce que son parcours ne l’a pas cantonné à n’être qu’un éternel second rôle, fût-il de luxe. Après des débuts dans la série Neighbours (Pearce est australien d’adoption, ayant débarqué down under en provenance de son Angleterre natale à l’âge de 3 ans), il s’impose à l’échelon international au milieu des années 90, à la faveur des aventures de Priscilla, Queen of the Desert, road movie allumé dont il partage l’affiche avec Terence Stamp et Hugo Weaving. On le retrouve ensuite, aux côtés de Russell Crowe notamment, dans L.A. Confidential, avant qu’il ne s’impose comme pièce maîtresse de Memento, le film qui, au tournant du siècle, révèle Christopher Nolan – « une expérience très spéciale et un film tellement novateur ».

A même d’en rire

S’il y a là de mémorables coups d’éclat, la carrière de Pearce n’en maintient pas moins un cap erratique. « Pendant des années, je n’ai pas supporté la façon dont fonctionnait Hollywood, observe-t-il. J’étais en colère et le jour où j’ai réalisé détester virtuellement tout le monde, je me suis dit qu’il fallait changer d’attitude. Je me suis retiré pendant un mois dans le désert, au nord-ouest de l’Australie, en veine d’introspection. Tous mes problèmes ne s’en sont pas trouvés résolus pour autant, mais cela a enclenché le processus proactif qui m’a permis de sortir de cette spirale. Le système n’a pas changé, mais mon attitude à son égard est plus saine: je suis désormais à même d’en rire.  »

Basé en Australie, Pearce multiplie aujourd’hui les projets des 2 côtés du Pacifique: on l’a ainsi vu dans Animal Kingdom, de David Michôd, et il sera, aux côtés de Michael Fassbender et Charlize Theron, du prochain Ridley Scott, Prometheus. Quant à son présent, il se partage entre Mildred Pierce, la série de Todd Haynes, où il incarne un Monty Beragon charmeur, et Don’t Be Afraid of the Dark ( lire la critique page 28), production américaine tournée… en Australie dont il tient, non moins altier, le haut de l’affiche. Accessoirement, il s’agit là de son premier film d’horreur, ou peu s’en faut: « J’ai eu mon lot d’expériences horribles », s’esclaffe-t-il, évoquant celle de Ravenous, dont le réalisateur, Milcho Manchevski, avait été débarqué par la production, entraînant une mutinerie des acteurs qui allaient finir par imposer Antonia Bird; s’attardant encore sur Death Defying Acts, de Gillian Armstrong, où il campait Harry Houdini, un film sorti à la sauvette et condamné aussi vite aux oubliettes du cinéma – « Je ne pouvais y croire. » Pas de quoi pour autant entamer sa sérénité: « Chaque expérience génère un sentiment particulier… « 

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS, À VENISE

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