Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

SÉRIE SKY ATLANTIC CRÉÉE PAR STEFANO BISES, LEONARDO FASOLI. AVEC MARCO D’AMORE, FORTUNATO CERLINO, SALVATORE ESPOSITO.

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Narcos, la série biographique consacrée à Pablo Escobar, vient de le rappeler cet été: rien de tel qu’une bonne plongée dans la pègre et dans ses codes pour scotcher le téléspectateur à son divan. Un an avant l’excellente livraison de Netflix, ce Gomorra s’installait déjà dans la lignée des grandes sagas mafieuses, en rappelant que l’Italie avait elle aussi son mot à dire dans l’univers actuel des séries. Avec énormément de panache et de sens du détail, le scénariste Stefano Bises et son équipe donnent chair à la vie criminelle de Naples. Solide à tous les niveaux, cette série tirée du célèbre roman de Roberto Saviano et du film qui en découla nous emmène sur les traces de Don Pietro Savastano, qui domine l’un des deux plus grands clans de la Camorra napolitaine. Sa rivalité avec Salvatore Conte pour le contrôle des trafics divers le pousse à lancer une guerre sanglante. Dans ce contexte, l’un de ses lieutenants, Ciro Di Marzio, va rapidement démontrer toute sa loyauté et toute son importance. Au point de voir Don Pietro lui confier la »première fois » de son fils Genny, un premier meurtre censé l’endurcir et lui assurer le leadership si quelque chose venait à lui arriver…

Si le film Gomorra avait déjà fait forte impression lors de sa sortie, en 2008, cette série prend le relais de saisissante manière. Apre, brute, elle délaisse bien des aspects glamour pour intégrer la vie quotidienne des soldats de la Mafia. On obéit aux ordres. Même quand on doute de leur pertinence. On va au feu pour le patron. Un patron qui régit la vie de la cité, installé dans un palais caché en plein milieu d’une banlieue délabrée. A Naples, la criminalité s’apprend petit, on s’entraîne à guetter quand d’autres s’entraînent à jouer au foot. Tout un système, quasi féodal. Avec ses codes.

Collés aux basques des criminels du clan Savastano, on finit assez naturellement par prendre leur parti. Mais la brutalité et la froideur de certains de leurs crimes nous rappellent à nos obligations morales. C’est l’une des grandes forces de cette fiction. Sous l’impulsion d’un casting impeccable et de dialogues précis (on aura, comme à chaque fois, une évidente préférence pour la version en italien), Gomorra passionne autant qu’elle inquiète, dans la mesure où la réalité qu’elle dépeint avec une loupe quasi documentaire ne se trouve qu’à quelques centaines de kilomètres d’ici…

GUY VERSTRAETEN

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