Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

WHO RUNS THE WORLD? – EMBLÉMATIQUE DES PRÉOCCUPATIONS DE LA GÉNÉRATION Y, GIRLS EST SURTOUT UN FORMIDABLE DIVERTISSEMENT QUI RÉSERVE QUELQUES SCÈNES INSTANTANÉMENT CULTES.

UNE SÉRIE HBO CRÉÉE PAR LENA DUNHAM. AVEC LENA DUNHAM, ALLISON WILLIAMS, JEMIMA KIRKE. COFFRET 2 DVD. DIST: WARNER.

Dernier phénomène en date de la chaîne à péage HBO, Girls a été créée, produite, écrite et réalisée par une jeune femme de 25 ans proprement géniale (on la compare à Woody Allen), déjà réalisatrice d’un film indépendant de 2010, Tiny Furniture, prix du Jury du festival South by Southwest. Lena Dunham raconte sa vision de la vie new-yorkaise, à mille lieues du bling-bling Gossip Girl, loin également des obsessions superficielles de Sex and the city.

Dans Girls (co-produite par Judd Apatow, excusez du peu), les filles sont fauchées, pas glam, pas nécessairement belles (Lena Dunham est une petite boulotte sans seins, coiffée avec les pieds de son réveil), sapées comme elles peuvent, et tentent de faire leur trou dans la vie. Elles terminent leurs études ou débutent dans le monde du travail, sans boussole. Elles sont de parfaites ambassadrices de cette fameuse génération Y, celle qui, née entre 1980 et 1995, se pose trop de questions et se plante malgré tout trop souvent. Une scène d’anthologie montre ainsi le personnage de Dunham en entretien d’embauche, séduisant son futur employeur avec l’entregent et l’exotisme de sa génération avant de faire lamentablement capoter l’entrevue par un excès de familiarité, la blague de trop, celle que la génération X conservera en travers de la gorge. Les anti-héroïnes de Girls ne savent pas où mettre la jauge, où poser les limites, les règles qu’elles rencontrent ne sont pas les leurs, elles doivent s’y plier tout en les réinventant. En amour aussi, elles tâtonnent, consomment, papillonnent, sans trop bien savoir quel est le but ultime de tout ça. Le couple, la relation durable? Peut-être pas.

Le personnage principal de la série est Hannah, 25 ans, financièrement délaissée par ses parents, et qui doit se débrouiller seule à New York. Elle a un sex-friend, un mec un peu tordu, comédien et charpentier à mi-temps, sexuellement légèrement déviant, qui la maltraite un peu -ce qui n’est pas pour lui déplaire. Hannah essaie de transformer cette relation purement physique en vraie équipée amoureuse, mais ce n’est pas franchement gagné. La jeune femme est par ailleurs en coloc avec Marnie, une jolie fille qui s’ennuie en amour et qui bosse dans une galerie d’art. Les deux copines fréquentent assidûment deux autres nanas, Jessa, globe-trotteuse bohème sexuellement très libérée, baby-sitter de son état, et Shoshanna, une petite étudiante timide qui trouve sa virginité très lourde à porter. Voilà pour le cadre de la série, qui doit son originalité à sa finesse d’écriture et son réalisme cru.

Sobre, simple, sans langue de bois, cette série aux épisodes courts ne table pas sur le rire, plutôt sur le sourire, parfois amer. En posant infiniment moins, en ne se la jouant pas, Girls tente de répondre à une question posée par une autre série: How to make it in America. Sans certitudes.

MYRIAM LEROY

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