Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DEPARDIEU S’ILLUSTRE TRÈS DIFFÉREMMENT DANS TROIS FILMS OÙ SA PRÉSENCE S’EXPRIME PUISSAMMENT.

Saint-Amour (1)

DE BENOÎT DELÉPINE ET GUSTAVE KERVERN. AVEC GÉRARD DEPARDIEU, BENOÎT POELVOORDE, VINCENT LACOSTE. 1 H 41. DIST: COMING SOON. (1)

8 (1)

La Dream Team (2)

DE THOMAS SORRIAUX. AVEC MEDI SADOUN, GÉRARD DEPARDIEU, CHANTAL LAUBY. 1 H 35. DIST: COMING SOON (2).

5 (2)

The End (3)

DE GUILLAUME NICLOUX. AVEC GÉRARD DEPARDIEU, AUDREY BONNET, SWANN ARLAUD. 1 H 18. DIST: BELGA. (3)

7 (3)

Le hasard fait parfois bien les choses! Trois sorties DVD/Blu-ray de films récents avec Gérard Depardieu nous offrent la possibilité d’apprécier l’acteur sous autant de facettes différentes, et dans des univers eux aussi on ne peut plus éloignés les uns des autres. Une comédie populaire franchement commerciale (La Dream Team), un film étrange et inquiétant, aux confins du fantastique (The End) et une tranche réjouissante de cinéma d’auteur joliment déjanté (Saint-Amour) viennent illustrer chacun une déclinaison particulière du talent d’un Depardieu encore bien dans sa peau d’artiste, quoi qu’il en dise lui-même. Ses frasques peuvent navrer, de la tentative d’exil fiscal en Belgique à la prise de la nationalité russe et au soutien à certains régimes dictatoriaux. Mais celui qui se dit fatigué de la vie a plus que de beaux restes, comme le prouvent les trois nouveaux films.

Le rôle du père paysan et entraîneur d’une petite équipe du fin fond du Berry, dont le fils devenu star du foot revient à la ferme pour se refaire une image, n’est certes pas le plus marquant. Medi Sadoun tient d’ailleurs le rôle principal de La Dream Team, cette comédie « feel good » centrée sur le foot et la rédemption. Mais Depardieu dégage dans son personnage paternel et bourru un mélange de force et de fragilité, de tendresse aussi, faisant de Jacques un gros nounours qu’on a envie d’étreindre. On n’en dira pas autant du protagoniste de The End, le film radical, fascinant et dérangeant à la fois de Guillaume Nicloux. L’homme gare son 4 x 4 en lisière de forêt, puis entame avec son fusil et son chien une journée de chasse qui va virer au cauchemar. Cinéaste du malaise, Nicloux s’est inspiré de son propre rêve pour emmener Depardieu (avec lequel il avait déjà tourné Valley of Love en 2015) en forêt de Fontainebleau. L’acteur joue le jeu d’une mise à nu troublante, éprouvante aussi, à la fois physique et morale, devant une caméra qui le travaille -littéralement- au corps. Avec en bonus sur l’édition Blu-ray un entretien éclairant avec le réalisateur et une bande annonce signée… Gaspar Noé, The End scrute sans fard le « monstre » qu’est aussi devenu Gérard l’obèse, soudain désemparé quand chien et fusil disparaissent, et que même son ventre énorme ne le protège plus de rien. La pesanteur du comédien est aussi prise en compte, mais de manière cette fois sympathique, complice, dans la dernière partie de plaisir signée du tandem Delépine-Kervern. Depardieu campe un éleveur de bovins venu au salon de l’agriculture avec son taureau champion mais prenant la tangente pour accompagner son fils (Benoît Poelvoorde) et un chauffeur de taxi (Vincent Lacoste) dans un tour de France des vins. Une équipée familiale, amoureuse, éthylique, à l’humour communicatif, et où Gégé affiche une présence radieuse dans un rôle qu’on devine proche de lui!

LOUIS DANVERS

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