La première fois qu’on l’a rencontré, il se faisait encore appeler Gandhi. C’était en 2010. Après des années d’activité dans les coulisses du rap bruxellois, Trésor Georges Mundende Mbengani, de son vrai nom, sortait alors son premier album officiel, Le Point G. Six (!) ans plus tard, il est de retour, avec Texte Symbole. Mais sous un autre nom: G.A.N. « J’y pensais depuis un moment. Au départ, quand j’ai choisi mon pseudo, je ne pensais pas faire tout ce trajet. Aujourd’hui, cela devient tout de même lourd à porter… Puis, quand vous googlez Gandhi, vous ne tombez pas forcément directement sur moi! » (rires) L’emprunt avait au moins le mérite de poser le profil du personnage: aux habituelles figures de gangsters prisées par le rap (Scarface, Don Corleone…), celui qui a grandi en écoutant les Sages poètes de la rue préférait une figure historique autrement plus positive. Rassembleuse aussi. En 2012, il réussira d’ailleurs à ramener la grande foule à l’Ancienne Belgique, sur son seul nom: une première pour un rappeur belge en solo. « On avait envie de donner un gros concert à Bruxelles, mais on galérait pour trouver une salle. Au bout d’un moment, on s’est décidés à envoyer un mail à l’AB. Ils nous ont répondu qu’ils étaient intéressés. Mais ensuite, ils nous ont envoyés le devis (rires)… On s’est quand même lancés. L’AB, cela reste un rêve, une salle mythique. Heureusement, le public a répondu présent, on est rentré dans nos frais. Mais cela nous a demandé énormément d’énergie. À vrai dire, je l’ai un peu payé par la suite… « 

Kinshasa succursale

L’expérience laisse en effet des traces. Après le succès de l’AB, c’est le coup de mou. Il s’agit de recharger les batteries. À la faveur d’un concert en première partie de Sexion d’Assaut, il se retrouve à jouer à Kinshasa. C’est l’occasion de renouer avec ses racines. « Avec ma grand-mère notamment, à qui j’avais toujours écrit, mais que je n’avais jamais rencontrée. Quand on s’est vus, je n’ai pas pu dire un mot pendant une heure et demie. » Il retrouve aussi son comparse Serge « Imani » Assumani, avec qui il commence à travailler de nouveaux morceaux. L’inspiration revient, un peu différente. « Je parle toujours autant de ma vie personnelle, mais d’une autre manière. En y glissant davantage d’éléments positifs. Parfois, quand je réécoutais mes albums, je me disais que je devais être en dépression » (rires).

À la clé, il y a donc un changement de nom, de look aussi. Mais toujours la même conception du rap, qui évite les poses. « Fuck les punchlines, moi je fais de l’esprit », rappe-t-il en ouverture. Sur 4 Saisons, il réussit le pari, toujours casse-gueule en rap, d’une chanson d’amour –« J’avais envie d’amener le même feeling que l’on peut retrouver dans le Caroline de MC Solaar, qui reste pour moi un classique absolu ». Plus loin, c’est encore Youssoupha (J’aurais pu) qui amène sa caution à ce qui sonne comme un véritable album, loin de la mode des mixtapes.

À 35 ans, G.A.N. fait office désormais d' »ancien » de la scène belge. « Mais pour moi, cela n’a rien de péjoratif, du moment que je reste cohérent avec ma musique. » Même s’il peut se révéler frustrant de voir la nouvelle génération bénéficier d’une attention qu’il n’a pas eue? « Je pourrais râler. Mais le fait est que chacun suit sa route. Et honnêtement, cet intérêt bénéficie à tout le monde. Aujourd’hui, en France, on se montre plus attentif quand vous dites que vous venez de Belgique. »

G.A.N., TEXTE SYMBOLE, DISTR. UNIVERSAL. EN CONCERT LE 01/07, À COULEUR CAFÉ.

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