Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Vieux briscard de la scène médiatique parisienne, FOG sera aux commandes du nouveau magazine culturel de France 2. Biopic.

Il devait s’ennuyer. A 60 ans, le journaliste-éditorialiste-essayiste-romancier Franz-Olivier Giesbert présentera la nouvelle émission culturelle du vendredi soir, sur France 2, Vous aurez le dernier mot. Au programme: des débats, des face-à-face, du rythme, de la nervosité, et en tout cas l’envie « d’éviter les longs discours ». Assurément du sur-mesure pour « FOG », comme l’avait « acronymisé » sa précédente émission sur France 5 ( Chez FOG). Juste avant, de 2001 à 2006, il y avait déjà eu Culture et dépendances. Et toujours ce même mélange entre culture et polémique, ou pour être plus précis, entre littérature et politique. Soit les deux dadas de celui qui appartient depuis plus de 30 ans à l’intelligentsia parisienne. Un monde à part, avec ses codes, intrigues, ses louvoiements. Un milieu forcément féroce, dans lequel Franz-Olivier Giesbert semble toujours avoir réussi à s’impliquer, tout en gardant la distance. Celle nécessaire pour parader, tout en n’étant jamais dupe.

L’homme fascine depuis longtemps. Moins par ses talents d’orateur ou de rhétoricien que par son panache, voire un certain charisme. Son opportunisme aussi, nécessaire pour survivre dans le cénacle parisianiste. Comme pour récolter les confidences des hommes politiques, dont il truffe ses ouvrages politiques, toujours événementiels, qu’ils soient consacrés à Mitterrand ou plus récemment à Chirac ( La tragédie du président, Galllimard, 2006).

Un coup à gauche, un coup à droite

Giesbert fait ainsi partie de ces « vieux beaux » de la scène médiatique française, à l’instar de Guillaume Durand ou PPDA – un pote de promotion au Centre de formation des journalistes. Cheveux grisonnants tirés vers l’arrière, il a la gueule carrée d’un acteur américain, mais la passion du débat à la française. Une question de gênes, on imagine. Franz-Olivier Giesbert est né en janvier 49, de la rencontre entre un GI – parmi les rares de sa section à être sorti vivant du débarquement à Omaha Beach en 44 -, et une Française, professeure de philosophie. Sur son père, il a écrit L’Américain (Gallimard, 2004), dans lequel il relate son caractère irascible et les coups qu’il faisait pleuvoir, sur lui et sur sa mère.

Finalement, la figure paternelle qui lui manque, FOG va la trouver plus tard, quand il commence sa carrière de journaliste. A peine sorti de l’école, il rejoint la rédaction du Nouvel Observateur, où Jean Daniel le prend sous son aile. Sous l’influence et les conseils du maître, l’élève FOG intègre le service politique, avant de devenir rédacteur en chef en 85. Trois ans plus tard, il quitte le navire pour prendre les rênes du Figaro. Et de passer ainsi sans état d’âme d’un hebdo de gauche à un quotidien de droite. Lui qui n’hésite jamais à critiquer la versatilité de la classe politique française… Aujourd’hui, FOG est directeur du Point, régulièrement catalogué « sarkozyste ». Lui balance volontiers en touche:

« Au fond, on fait toujours le même journal, bien que la ligne politique parfois diffère. (…) Faire un beau journal revient à faire un journal indépendant, rigoureux et varié, alternant la légèreté et le sérieux, le rire et la pédagogie, la distraction et l’insolence. » Avant de résumer: « C’est un bouquet de fleurs et d’épines. «  Pas mieux…

Laurent Hoebrechts

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