Contes défaits – des héros de contes de fées qui vivent en exil au cour de New York… puisant dans le vivier (gratuit) du folklore, la série Fables aura bientôt les honneurs du petit écran.
De Bill Willingham et al., Éditions Vertigo/Panini Comics. 8 tomes disponibles en francais.
Blanche-Neige et le Prince Charmant sont vivants, divorcés et habitent un immeuble de New York baptisé Fabletown, en compagnie de dizaines de leurs coreligionnaires « fabuleux ». Le milliardaire Barbe-Bleue côtoie ainsi Pinocchio et son caractère de cochon, ainsi qu’un Grand Méchant Loup sous forme humaine, shérif de son état. Ce qui ne le rend pas moins féroce, lui qui cache, dans la fumée des cigarettes qu’il grille au kilomètre, les plus sombres secrets de ses compagnons d’exil.
Les personnages de contes de fées ne se sont pas installés au c£ur de Big Apple pour se rapprocher de leurs fans: ils ont été chassés de leur « Homeland » par l’Adversaire, un mystérieux et tout-puissant ennemi. Recasée à Fabletown, la communauté des Fables (par opposition aux Mundies, les humains mortels) a retrouvé une certaine stabilité… mise en péril par le meurtre de la s£ur de Blanche-Neige.
Le premier tome (Légendes en exil) de cette saga made in US, qui en est à son 12e livre chez Vertigo (Panini Comics a sorti le 8e en français en juillet), est une introduction parfaite à l’univers de la série, avec son énigme whodunit bien classique et son exposition progressive des personnages. Le scénariste et créateur Bill Willingham explorera par la suite plusieurs tonalités narratives, récit de guerre, négociations politiques, commando d’un seul homme en territoire ennemi, etc. Cette variété des approches est l’une des forces de Fables. Tout comme le large vivier des personnages à disposition. Willingham ne s’en cache pas, il choisit ses héros de contes en fonction de deux critères: leur gratuité et sa propre envie de les employer. » C’est l’une des choses qui me plaisent le plus avec Fables : les personnages sont issus du folklore, ils appartiennent aux gens, précise-t-il dans une interview au site CBR TV . Si un autre auteur voulait reprendre des héros que je n’ai pas choisis et réaliser une sorte de Fables bis, tant mieux! L’important est de raconter de bonnes histoires. » Les siennes ont un fond politique à peine masqué, l’auteur (ouvertement de droite) comparant volontiers l’exil des Fables à la diaspora juive.
Succès fou
Le succès est énorme, tant auprès du public que des critiques. Cette série a décroché, depuis sa naissance en 2002, quelque 27 Eisner Awards, les derniers revenant en juillet à Willingham himself mais aussi à James Jean (pour ses superbes couvertures). » J’ignore pourquoi Fables a eu tant de succès, sourit le scénariste . Je ne me repose pas sur mes lauriers, car ma carrière a souvent dérapé. J’ai été officiellement banni des comics 3 fois! J’ai notamment été viré à 2 reprises par DC Comics… avec qui je travaille désormais sur la plupart de mes projets. »
La déclinaison sur d’autres supports n’est donc pas une surprise. Un roman, Peter and Max, prévu pour octobre, et surtout une série télévisée. D’abord annoncée sur NBC pour la saison 2006-2007, les droits en ont été rachetés par ABC et le projet confié au réalisateur David Semel. Vu la qualité du matériau de base, le résultat devrait être, lui aussi, fabuleux.
Vincent Degrez
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici