Le labyrinthe des passions – Mélodrame flamboyant, le dernier film de Pedro Almodovar plonge au cour de son cinéma et de sa cinéphilie. Avec Penélope Cruz, incandescente…

De Pedro Almodovar. Avec Penélope Cruz, Lluis Homar, Blanca Portillo. 2 h 07. Dist: Melimedias.

Dix-septième long métrage de Pedro Almodovar, Etreintes brisées est une plongée au c£ur même de son cinéma, en même temps qu’une vibrante déclaration d’amour au cinéma, venu irriguer le destin de protagonistes engagés dans un labyrinthe de désirs et passions contrariés.

On y découvre Harry Caine (Lluis Homar), un cinéaste qu’un accident survenu 14 ans plus tôt a privé de la vue, mais aussi de son identité (il s’appelait alors Mateo Blanco) et de son amour. Puisqu’il lui faut bien continuer à vivre, Harry appréhende l’existence en jouisseur, non sans écrire des scénarios, assisté de son ancienne directrice de production, Judit (Blanca Portillo), et du fils de cette dernière, Diego (Tamar Novas). Jusqu’au jour où les circonstances l’amènent à rouvrir les pages de son passé quand, réalisateur d’un film intitulé Filles et valises, il se consumait d’amour pour son actrice principale, Lena (Penélope Cruz), que poursuivait également de son assiduité Ernesto Martel (José Luis Gomez), le producteur du film, un homme à la jalousie obsessionnelle…

Désir et amour fou

Empruntant aussi bien au film noir qu’au mélodrame, à Hitchcock qu’à Sirk (avec, encore, l’appoint du Rossellini de Voyage en Italie), Etreintes brisées est pourtant du pur Almodovar, s’inscrivant au c£ur des thématiques et passions propres au cinéaste espagnol. Et arpentant les chemins sinueux du désir et de l’amour fou, matrices d’une histoire d’une merveilleuse limpidité, en même temps qu’elle s’inscrit à fleur des émotions les plus intenses. Un maître-film, par un cinéaste au sommet de son art.

Blu-ray et DVD sont servis avec de nombreux compléments, parmi lesquels La Concelaja Antropofaga, hilarant court métrage inédit de Almodovar, qui voit Carmen Machi, partenaire de Penélope Cruz dans Filles et valises, le film dans le film, se lancer dans un monologue particulièrement savoureux autour du plaisir et du sexe, avec accents fétichistes et gourmands. Plus classique, des scènes inédites, mais aussi une interview de Penélope Cruz, rarement mieux servie que dans Etreintes brisées, si ce n’est peut-être dans Volver. La comédienne évoque son parcours avec le réalisateur – il l’avait contactée dès Kika, avant de finalement lui confier un rôle quelques années plus tard dans Carne Tremula, le début d’une collaboration on ne peut plus fructueuse -, mais encore Audrey Hepburn, dont est inspirée Lena, parmi d’autres confidences… De quoi apporter une ultime touche classieuse à un film qui, vision après vision, demeure un véritable enchantement.

Jean-François Pluijgers

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