Le carton plein de Glee, soap comico-musical orchestré par Ryan Murphy (Nip/Tuck), confirme et entérine une tendance lourde de la fiction contemporaine: les liens, toujours plus étroits, unissant musique et séries télé.

Britney Spears vient d’y faire un caméo, Madonna a trouvé l’épisode consacré à son répertoire carrément  » brillant » et pas moins de 75 (!) de ses chansons ont déjà été classées dans le Top 100 des singles US: ne cherchez plus, la série phénomène du moment se nomme Glee. A savoir, l’histoire pour le moins improbable d’une chorale scolaire à priori peu sexy mais dans laquelle geeks et losers chantent tous invariablement comme des demi-dieux et multiplient les numéros aux chorégraphies à ce point follement excentriques qu’elles doivent rendre blême de jalousie Kamel Ouali. La recette de ce succès, à vrai dire peu mérité? De la pop music à tous les étages, à même, une fois qu’ils se l’approprient, de transformer un groupe de vilains petits canards en bêtes de scène pleinement épanouies. Inutile de dire que l’identification, surtout chez les plus jeunes, tous peu ou prou aspirants stars, fonctionne à plein régime. Ce que résume parfaitement cette réplique terrifiante décochée dès le pilote de la série:  » De nos jours, être inconnu est pire que d’être pauvre. » De quoi homologuer, si besoin en était encore, toutes les prédictions warholiennes sur la célébrité.

Musique et séries TV: des noces promises au succès, semble-t-il, tant il est vrai que Glee n’est au fond que l’illustration façon Panzer d’une tendance massive et généralisée. Du Bad Things de Jace Everett cartonnant grâce au générique de True Blood au I Need A Dollar d’Aloe Blacc buzzant via celui de How To Make It In America en passant par la mise en orbite du This Life de Curtis Stigers dans Sons of Anarchy: autant d’exemples majeurs de séries officiant comme tremplins de luxe pour des titres qui le leur rendent bien en termes de popularité.

Indie rocks

Aux Etats-Unis, depuis qu’une saga comme Six Feet Under a construit une partie de son succès sur sa bande son (des inédits d’Arcade Fire ou Interpol, des scènes cultes sur Radiohead ou Sia), c’est devenu un métier à part entière: dénicher le morceau appelé à faire mouche dans telle série. Ce qui explique sans doute la récente recrudescence de musique indie sur les petits écrans. Voir, au hasard, les Black Angels, entendus dans un épisode de Fringe, les Von Bondies, choisis pour le générique de Rescue Me, ou encore les Black Keys, pour celui de Hung. Tandis que, plus étonnant encore, les post-rockeurs d’Explosions In The Sky se voyaient commander un titre original pour Friday Night Lights, soap consacré au foot américain. Le rock indépendant qui envahit les séries TV populaires, un phénomène nouveau? Oui mais non. Ce serait en effet oublier que dès 1995, les Flaming Lips, papes d’une indie pop joyeusement zarbi, interprétaient leur hit underground d’alors, She Don’t Use Jelly, dans un épisode de Beverly Hills 90210. Evénement hautement improbable, on en conviendra. Et ce bon Steve Sanders, fils à papa peroxydé de la série, de commenter d’ailleurs la chose, de l’air niais et suffisant qui le caractérisait, en ces termes:  » J’ai jamais été un grand fan de musique alternative, mais ces mecs-là, ils déchirent! » Amen.

nicolas clément

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