Eminem

« Revival »

Cela fait longtemps qu’Eminem a perdu le fil. À travers les titres de ces derniers albums, le rappeur semble même être le premier à reconnaître qu’il bégaye: Encore (2004), Relapse (2009), Recovery (2010), The Marshall Mathers LP 2 (2013), et donc aujourd’hui le plus explicite que jamais Revival. Eminem apparaît comme écrasé par le poids d’une carrière qui, le temps de trois albums cruciaux, a fait de lui non seulement un rappeur à succès, mais aussi plus généralement une icône américaine. C’est d’ailleurs sans doute pour cela que Slim Shady a continué à vendre malgré tout (beaucoup) de disques. Il a beau ne plus avoir le même impact, ses deux derniers albums ont à chaque fois figuré parmi les meilleurs scores de l’année.

À cet égard, il ne faudrait pas sous-estimer le risque pris récemment par l’intéressé, en lâchant une violente diatribe anti-Trump lors de la cérémonie des BET Awards – « Vous êtes avec ou contre nous/Et si vous n’arrivez pas à trancher/je vais vous aider: allez vous faire foutre! ». Cette rage retrouvée, on pouvait espérer qu’elle permette au rappeur de renouer avec l’inspiration. Avec 19 titres au compteur, dont un bon paquet de plantages, Revival est toutefois loin du compte. Dès le départ, Walk on Water est davantage une (mauvaise) ballade de Beyoncé qu’un morceau digne d’Eminem. Ailleurs, les samples bateaux se multiplient (I Love Rock’n’Roll de Joan Jett, Zombies des Cranberries). Le propos très « Black Lives Matter » d’Untouchable peut faire illusion, mais c’est pour gâcher plus loin la charge « politique » avec un Like Home mal fagoté (Alicia Keys, complètement désincarnée, au refrain). On soupire, et râle ainsi tout du long. Et ce n’est pas les quelques accès de lucidité (Arose) qui vont rattraper un disque boursouflé.

Distribué par Universal.

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