Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

POUR SES DIX ANS, ART’CONTEST S’OFFRE UNE EXPOSITION À LA CENTRALE FOR CONTEMPORARY ART. UNE VISIBILITÉ BIEN MÉRITÉE POUR UNE MANIFESTATION D’UTILITÉ PUBLIQUE.

Art’Contest

CENTRALE FOR CONTEMPORARY ART, 44, PLACE SAINTE-CATHERINE, À 1000 BRUXELLES. JUSQU’AU 09/11.

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Parfois, on se dit que comprendre la création d’une époque dans laquelle on vit relève de la mission impossible, du cassage de broques garanti. Du moins, c’est ce qui apparaît lorsque l’on tend l’oreille au discours dominant sur l’art contemporain. Derrière les jugements à l’emporte-pièce se cache un arrière-plan quasi mythologique, celui de l’Age d’or. Nous l’aurions connu, il y a bien longtemps, et ce qui se déroule actuellement sous nos yeux ne serait à chaque fois qu’un ersatz, qu’une chute, qu’une parodie juste bonne pour nous, singes d’hommes tombés de la vulve des mères. Le problème -on l’a assez répété-, c’est que ce qui semble rétrospectivement un âge d’or pour les uns avait des allures de boulet du présent pour les autres. On connaît la litanie: Proust incompris, Céline incompris, Van Gogh incompris… La liste des demandes en réparation est longue. Un constat avéré qui devrait mener pour le moins à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir à tort et à travers, voire à carrément opter pour le profil bas. Cela dit, il arrive aussi, quand l’intervenant est particulièrement réactionnaire ou à côté de la plaque (biffez la mention inutile mais pas forcément), que le discrédit traverse le temps. Ainsi de l’inénarrable sortie, abondamment commentée, de Luc Ferry dans Le Figaro -where else?- sur Duchamp et, dans la foulée, sur les Frac (les Fonds régionaux d’art contemporain en France). Il y stigmatisait la capacité des « (…) impostures d’une rare vulgarité de se faire passer pour des chefs-d’oeuvre« . Parler d’imposture en art contemporain n’est pas tabou -certes il doit y en avoir. Ce qui pose davantage problème, c’est la vanité de Ferry -et des autres- à se poser en arbitre, comme si qui que ce soit pouvait prétendre à cette position de juge suprême. Toutefois, la question reste posée: où est la limite entre sincérité et mystification dans l’art contemporain? Impossible à dire. On propose néanmoins que ne soient habilités à proposer des pistes de réponse que ceux qui prennent la peine de le comprendre. Ceux qui en arpentent les méandres.

Par l’exemple

A ce petit jeu, on estime que Valérie Boucher aurait bien le droit de prendre la parole. Elle qui depuis dix ans se démène pour soutenir les talents émergents parmi les artistes de maximum 35 ans résidant en Belgique. En imaginant Art’Contest, dont c’est la 10e édition, Valérie Boucher a choisi de cheminer dans le difficile, mais d’au moins faire en sorte que tout un chacun ait la possibilité de se positionner par rapport à la création contemporaine et sa sincérité -même si cette notion s’efface, à nos yeux, derrière celle de la pertinence. Pour ce faire, elle utilise tous les canaux possibles -expo, site, blog, Twitter, Facebook, édition d’art…- et s’est adjoint un jury de professionnels parmi lesquels figurent Dirk Snauwaert (directeur du Wiels) et Liliane De Wachter (curatrice du MuHKA). On ne saurait donc trop recommander de se rendre à la Centrale pour se faire une idée. Sur les dix candidats initiaux, trois ont été primés. Il s’agit de Younes Baba Ali, Jonathan Rosi et Max Pinckers. Mention pour le travail photographique de ce dernier qui se penche sur l’amour tel qu’il est représenté aujourd’hui en Inde, entre fantasme et réalité socioculturelle.

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MICHEL VERLINDEN

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