Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

FÊTARD IMPÉNITENT, L’ILLUSTRATEUR ET (SÉRI)GRAPHISTE BRUXELLOIS INCARNE UNE IMAGERIE PSYCHÉDÉLIQUE, PUNK, MORBIDE ET FLASHY. THEE OH SEES ET BORN BAD ADORENT.

« J’ai toujours eu plein de posters, de BD et de vinyles autour de moi à la maison et j’ai très tôt compris que je voulais concevoir des pochettes de disques. » Au milieu des 33 Tours, des bouquins et d’une fameuse instal, dans son appartement au dernier étage d’une haute bâtisse ixelloise (« Faut que je me calme sur les fiestas, je commence à énerver tous les voisins« ), Elzo Durt se raconte.

Elzo, diplômé en graphisme de l’ERG, 32 balais, chamboulé, tatoué, c’est le rock’n’roll qu’on regarde. Celui qu’on a un jour eu dans les poches. « Le flyer est une bonne école. Tu as une liberté extraordinaire. Mais j’ai arrêté. C’est pas ça qui te fait bouffer. » Celui, surtout, qui donne du cachet aux bonnes discothèques. Adepte d’un psychédélisme qu’on qualifiera de morbide, le sieur Durt a déjà une quarantaine de pochettes à son actif. Celle, fluorescente, du Carrion Crawler/The Dream cher à Thee Oh Sees. Ce soldat de l’au-delà sur fond en boyaux rose fluo. Mais aussi du Movie Star Junkies, du Jack of heart, du Frustration, du Yussuf Jerusalem, du Cheveu… Une belle tripotée de groupes Born Bad. Au point que l’esthétique visuelle du couillu label parisien est aujourd’hui intimement liée à celle d’Elzo le héros.

Payé en disques

King du collage sur ordinateur tombé « in love » de la sérigraphie, Durt, c’est le cauchemar en technicolor. Le macabre aux couleurs vives. Il se souvient de son émoi en découvrant les vieilles pochettes punk. Le visuel du premier Suicide. Les collages de Crass.

« Je m’inspire d’images qui se bousculent dans ma tête depuis que je suis tout petit. Elles me viennent du skate, du psychédélisme sixties et seventies. » Puis aussi du bouquin The Art of rock. De l’art nouveau comme pouvait en faire Horta -« mon père est architecte. » Ou encore d’affiches russes et de posters de films d’horreur.

Direction artistique et graphique, communication visuelle, publication de bouquins, organisation de concerts, de soirées, d’expos, DJing… Recyclart, The Voxer, Born Bad, Carhartt (grâce auquel il a donné à sa carrière une dimension internationale)… L’infatigable et imprévisible Durt aime jouer avec les supports. Looker des planches à roulettes, démolir l’Alice Gallery… « J’ai grandi et découvert la musique avec le skate. C’est tout un pan de mon adolescence. Mais bon, depuis, j’ai arrêté le sport et les fruits. Parce que derrière le taf, il y a beaucoup de fêtes. »

Il y a un an et demi, Elzo a lancé avec un pote son propre label: Teenage Menopause… Même qu’il a deux disques, ceux du Prince Harry et de JC Satàn, dans le Top 10 de Technikart. « Il y a toujours beaucoup de copinage… » Dans une autre vie, dans un autre monde, Durt aurait déjà été élu trois fois entrepreneur de l’année. « Mais ce sont des choses fondamentalement différentes que se bouger le cul, faire du bon boulot et savoir parler fric. Quand je crée des pochettes, la plupart du temps, je suis payé en disques. » Tant qu’il peut vivre de musique et de bières fraîches…

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JULIEN BROQUET

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