Éloge des bâtards

Dans une société où le contrôle et la peur ont gagné du terrain, Lily, dotée du pouvoir d’empathie, rejoint un groupuscule qui, lui aussi, s’inscrit en marge de la course du monde. Ensemble, ils sabotent l’hypermodernisation galopante, cherchent à protéger les espaces en friche, s’échangent furtivement des informations. Tous restent dans la distance émotionnelle utile à leur cause. Mais survient la nécessité de changer de mode opératoire. Fox, un des leaders, fait brèche intime au sein du cercle en racontant d’où il vient. Pendant cinq nuits, Gell, Oscar, Sturm, Filasse ou Clarisse vont s’étoffer au-delà de leur surnom, dessiner pour leurs congénères les bases de leur identité, de films chéris en généalogies cabossées et signifiantes: « On exposait le territoire de nos vies parce qu’on croyait non seulement à la puissance du verbe, mais à l’archéologie, à la géologie, à la spéléologie comme modes d’explication de la surface. » Olivia Rosenthal, familière des solutions de traverse, se réapproprie les codes de l’agir et du lutter ensemble, en fait une matière inflammable, un outil de subversion décuplée. En rendant son amplitude à la transmission des narrations individuelles, elle remet l’humain au coeur du rhizome des alternatives. Nous préférons aussi, et de loin, quand c’est le liant qui fait loi, plutôt que le protocole.

D’Olivia Rosenthal, éditions Verticales, 336 pages.

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