Électro-jazz?

STUFF., dont Glass Museum a assuré plusieurs fois la première partie. © DR

La musique de Glass Museum part de Satie pour côtoyer les contemporains flamands de STUFF. Revue subjective des connexions.

Au début, il y a donc Erik Satie et ses gymnopédies, privilégiant une certaine idée de la clarté volubile et du jeu au sens premier: au piano, Antoine Flipo ne dépareille pas le maître ni l’un de ses évidents successeurs, Michael Nyman. Point de départ d’une esthétique utilisant volontiers la forme de paysages mentaux que l’auditeur aménage librement au fil des morceaux. On pense au catalogue ECM et ses innombrables pochettes telluriques flattant mère nature, le label allemand produisant aussi de l’électro-jazz majeur. Celui du trompettiste norvégien Nils Petter Molvaer, dont l’album Khmer de 1997 reste un classique du genre ou le tout récent Awase du pianiste zurichois Nils Bärtsch. Cette contemporanéité internationale, incluant Bugge Wesseltoft et Erik Truffaz, n’est pas référencée par Glass Museum. Alors qu’Antoine joue avec Haring et Martin avec DC Salas, les liens électroniques avoués sont plutôt Jon Hopkins, Nils Frahm ou Floating Points. Le duo reconnaît aussi prendre des couleurs chez les Anglais de GoGo Penguin, les Canadiens de BadBadNotGood ou chez ce brillant trompettiste de La Nouvelle-Orléans, Christian Scott, celui-ci donnant présence et culture black à des musiques globalement blanches. On pensait le duo tournaisien sensible à Urbex d’Antoine Pierre, l’une des fusions belges du moment, mais il cite d’abord le catalogue du brugeois W.E.R.F. Records, en particulier deux jeunes groupes flamands, Black Flower et Schntzl. Le premier (à Dour le 15 juillet et au Gaume Jazz Festival le 11 août) a sorti un étonnant album transgenre revisitant les sons éthiopiens ( Abyssinia Afterlife), le second rappelle notre duo par sa formation: dialogue d’un claviériste et d’un batteur, davantage ancré dans le purisme jazzyfiant que Glass Museum. Ces derniers ont fait la première partie du quintet gantois STUFF., la formation la plus audacieuse du nouveau jazz belge.  » C’est un ovni, un mystère, ce truc. Ils sont une demi-douzaine sur scène et laissent beaucoup d’espace à l’impro. C’est un monstre qui respire à fond. » Ce qui pourrait bien inspirer Glass Museum pour de futurs chapitres scéniques plus étoffés, y compris au-delà de la musique.

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