Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

ON GIGOTE AUTANT QU’ON RÊVE SUR IN A DREAM, LE NOUVEL ALBUM DE THE JUAN MACLEAN. SUR LA PISTE DE DANSE, UNE COMÉDIE DOUCE-AMÈRE SOPHISTIQUÉE, MADE IN NEW YORK.

The Juan MacLean

« In a Dream »

DISTRIBUÉ PAR DFA.

7

Peu de labels ont autant cherché à coller à l’idée classique d’une « enseigne » musicale que DFA. Lancée en 2001, à New York, l’écurie a mis au point à la fois une éthique et une esthétique: disco-post-punk et plus si affinités, moulé dans une mentalité de gang DIY. Hormis LCD Soundsystem, The Juan MacLean est peut-être le projet qui lui correspond le mieux. Jusque dans sa genèse: comme nombre de ses camarades de DFA, John MacLean fut d’abord un indie-kid, guitariste du groupe hardcore Six Fingers Satellite, avant de trouver son « salut » dans la dance. En 2005, il sortira le premier album de The Juan MacLean (Less Than Human). Quatre ans plus tard, son deuxième fera le break, poussé notamment par le single Happy House, longue transe housy de plus de dix minutes. Par ailleurs, le titre de l’album relevait volontiers du pied de nez: Future Will Come, proclamait MacLean,mais pas tout de suite, l’ex-punk pêchant volontiers ses obsessions disco-house dans la charnière 70-80.

C’était en 2009. Et si le « futur n’est toujours pas arrivé » depuis, le temps s’est écoulé. On ne renvoie par exemple plus à la page MySpace des groupes en bas des articles, comme on le faisait à l’époque. Entre-temps, le navire-amiral LCD Soundsystem a également déposé le bilan. Plus dramatique: quelques mois après la sortie de Future Will Come, Jerry Fuchs, batteur du groupe, se tuait en sautant d’un ascenseur en panne…

Il n’est donc pas étonnant de ne voir débouler qu’aujourd’hui le nouvel album. Plus que jamais, The Juan MacLean s’y présente comme un duo, dans lequel Nancy Whang (LCD Soundsystem) prend en charge l’essentiel des pistes vocales, diva disco de salon qui passe son temps à alterner le chaud et le froid (A Simple Design). A côté d’elle, John MacLean fait le contrepoint. Comme dans Love Stops Here, drôle de morceau à la New Order sur lequel ses premières intonations rappelleraient presque le crooning de Bryan Ferry -sans le charisme.

En fait, In a Dream reprend les choses là où le groupe les avait laissées. Littéralement: Future Will Come se terminait avec Nancy Whang exigeant qu’on la « lance dans l’espace », In a Dream débute par le titre A Place Called Space. Comme il y a cinq ans, le disque démarre également sur un roulement typique à la Moroder (Chase). Très vite, cependant, déboule une guitare façon Golden Earring, qui accentue la descente vers les seventies, pas loin de tomber dans le kitsch. Heureusement, Here I Am revient à des préoccupations plus directement (deep) house, même si le coup est un peu trop facile.

Avec In a Dream, The Juan MacLean élargit en fait le spectre de sa mélancolie dance. Toujours sous influences (de l’italo-disco de I’ve Waited For So Long jusqu’à d’étranges réminiscences jazz-rock greffées sur la trame synthétique de Charlotte), mais sans sonner pour autant rétro. La formule fonctionne surtout sur la seconde moitié de l’album. En fin de disque, The Sun Will Never Set On Our Love se lance ainsi dans une longue rêverie « acid », chargée aux boîtes à rythme vintage. Le morceau est à la fois emblématique du son de The Juan MacLean, tout en emmenant ailleurs. Space is the place

LAURENT HOEBRECHTS

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