Avec L’Ensemble Musiques Nouvelles et le Mons Orchestra, Jean-Paul Dessy fait voyager la musique de Christophe, Venus ou des Tindersticks. Compositeur et violoncelliste atypiques, l’homme orchestre fait du bruit aux Nuits Botanique.
J ean-Paul Dessy est une passion rayonnante, un musicien d’une énorme ouverture d’esprit et qui est engagé à la défendre« . Paul-Henri Wauters, über-patron des Nuits, a le compliment généralement modéré. Cette appréciation-là témoigne du lien musical fort qui lie le Bota à Jean-Paul Dessy, violoncelliste, compositeur et directeur artistique de l’Ensemble Musiques Nouvelles et du Mons Orchestra, les deux branches du même arbre classico-contemporain. Soit une vingtaine de créations communes et autant de sensations différentes. On se souvient de ce Cirque Royal où l’Ensemble mis Venus en orbite orchestrale, faisant rougir au large des cordes, les refrains claustros de Marc Huyghens. » Une très grande réussite dans cette zone-là, s’exclame Dessy, la porte était toute ouverte vers la musique. » On se rappelle aussi les créations orchestrales avec An Pierlé, Keren Ann, Rapsat, Scanner, Archive, la Sonic Cathedrale un peu dingue ou le grand orchestre repassant la lignée électro de Craig Armstrong au fil de l’épure symphonique. Dessy: » Ne vivre que dans une niche musicale c’est se priver d’émancipation intérieure, de cet espace infini en nous-mêmes. Chaque musique est une espèce sonore et ces concerts favorisent l’éclosion de nouvelles espèces. L’inouï, les choses pas encore entendues, c’est ce qu’il y a de plus précieux. Avec ce genre d’expérience, on retourne à l’état d’avant le phonographe (sic), cela resacralise le concert, en fait un instant unique… »
Babel et Christophe
Sur le feu des toutes prochaines Nuits, deux projets et deux approches: » Babel Live #2 est la rencontre unique de L’Ensemble Musiques Nouvelles, d’une vingtaine de choristes, d’un grand pianiste de tango, d’une chanteuse berbère et de Stuart Staples des Tindersticks. Entre autres. Tous ces gens vont jouer ensemble, chercher des continuités. C’est aussi du mixage, pas juste un défilé de musiciens. Tout le monde reste en scène, même sans jouer, pour écouter les autres. La qualité d’écoute, fabuleuse, influence le public qui se trouve dans une bulle, hors temps. L’écoute devient un lien social, une matière vibrante qui nous unit. » Né en 1963 à Huy, Dessy a fait tout le cursus classique, découvrant Bach & C° mais aussi la révolte pop-rock de l’adolescence. Il en a conçu un désir de liberté fondamentale, férocement éclectique. » Avec Christophe, c’est le Mons Orchestra qui entre en scène, c’est-à-dire notre côté side-men au service de l’artiste. Onze cordes que je dirige, vont jouer une partition arrangée. J’adore Christophe et sa façon de se mettre à la frontière d’une nostalgie un peu crasseuse, sublimée par un dosage parfait, parvenant à transformer le plomb de la variette en or sonore. » Ce soir-là, l’alchimiste Jean-Paul Dessy jouera Les mots bleus et on partira en voyage, les yeux fermés. l
u Babel Live #2 le 12 mai au Cirque Royal, Christophe le 16 mai au même
endroit, www.botanique.be
Philippe Cornet
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