Le combat semble décidément perdu d’avance. Pas une semaine ne passe sans que l’industrie du disque ne doive déplorer la fuite d’un album sur le Net, plusieurs jours, voire semaines avant sa sortie officielle en magasin. Dernier exemple en date: These Are My Twisted Words, nouveau titre de Radiohead, mystérieusement apparu sur la Toile, avant d’être mis finalement à disposition du public sur le site du groupe quelques jours plus tard. Certes, la fuite est parfois organisée. Rien de tel après tout pour lancer un titre que de le faire « buzzer » sur Internet. Mais ils sont de plus en plus nombreux à douter des bénéfices à retirer de cette tactique. Récemment encore, on pouvait lire dans le Guardian l’avis d’Eric Garland, CEO de Big Champagne, plateforme qui entend donner un reflet des échanges musicaux sur le Net. « Il est difficile de quantifier exactement l’effet engendré. Mais prenez les derniers albums de U2 ou Coldplay, qui ont « fuité » et été téléchargé illégalement des millions de fois. Quand vous analysez les ventes sur les premières semaines, il est clair qu’elles ne correspondent pas aux plus grosses ventes d’il y a 10 ans. » Ce qui laisse malgré tout encore une marge pour ces gros vendeurs. Le phénomène est par contre plus problématique pour les groupes qui évoluent dans les divisions « inférieures ». Même s’ils ne sont pas nombreux à l’avouer… Question d’image: il n’est pas très « cool » de s’attaquer à Internet, risquant toujours de passer pour des « censeurs » réac’.
Le Web sheriff fait la loi
En attendant, les maisons de disques prennent les mesures qu’elles peuvent. Comme en s’allouant les services de Web sheriff, au départ une compagnie londonienne composée de 20 juristes du copyright et experts de l’Internet. Parmi ses clients, on compte Prince, Thom Yorke, Antony and The Johnsons, The White Stripes, Depeche Mode… Ou Animal Collective. On se rappelle ainsi de l’épisode cocasse qui avait précédé la sortie de leur dernier album, en décembre dernier. Un morceau était apparu sur une série de blogs, dont celui de leurs potes de Grizzly Bear… Qui, comme d’autres, ont reçu un mail péremptoire du Web Sheriff… Vous avez dit flou artistique?
Autre mesure: les labels envoient de moins en moins de copies promos aux journalistes pour préférer des systèmes de streaming. Différent évidemment pour chacun des labels. Ce qui ne facilite pas forcément les choses. Au point de voir certains se rendre directement sur les plateformes de téléchargement illégales pour préparer leurs interviews. Un comble…
L.H.
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