ELI ROTH DYNAMITE LE BONHEUR EN TOC D’UN PÈRE DE FAMILLE BIEN SOUS TOUS RAPPORTS DANS UN THRILLER CLAUSTRO ET JOYEUSEMENT PERVERS.

Knock Knock

D’ELI ROTH. AVEC KEANU REEVES, LORENZA IZZO, ANA DE ARMAS. 1 H 40. DIST: BELGA.

7

« J’ai réalisé ce film en réaction au précédent: après la boucherie anthropophage à ciel ouvert, je voulais d’un thriller psychologique et claustrophobe où l’on ne verrait qu’une seule goutte de sang. Un vrai challenge, pour moi. » Rencontré à Deauville en septembre dernier, Eli Roth, le réalisateur tout sourire de Cabin Fever et Hostel, y présentait non pas un mais bien deux nouveaux films: The Green Inferno, film cannibale gore et farceur sorti dans la foulée sur les écrans belges, mais aussi ce Knock Knock, « home invasion movie » joyeusement kinky resté inédit chez nous. Si le premier, inscrivant ses enjeux dans cette tradition riche mais quelque peu oubliée de productions horrifiques qui situent leur action au coeur d’une jungle hostile, avait connu un tournage quasiment « hustonien » en Amazonie, le second, lui, a entièrement été filmé dans le confort trendy d’une villa chilienne.

Remake passablement rigolard du Death Game de Peter S. Traynor (1977, avec Seymour Cassel, Sondra Locke et Colleen Camp), le film, modeste mais malicieux, prend la forme d’un conte moral où le fantasme absolu se transforme en cauchemar total. Soit le jeu de massacre cruel dont est bientôt victime Evan (Keanu Reeves), family man resté seul pour le week-end qui ouvre innocemment sa porte à deux affolantes tentatrices en chaleur (Lorenza Izzo, compagne de Roth déjà de l’aventure The Green Inferno, et Ana de Armas). Une partie de jambes en l’air à peine consentie plus loin, et les deux créatures, ingérables, virent Gremlins d’intérieur, bien décidées à… cannibaliser l’illusion du bonheur domestique que ce mâle alpha monoexpressif s’échine à entretenir au quotidien. Roth: « Sous la surface rassurante d’un cocon familial confortable et bienveillant, c’est un homme qui n’est tout simplement pas heureux, ni épanoui: ses enfants se moquent de lui, sa femme artiste ne veut plus coucher avec lui, sa maison est complètement envahie et dominée par les oeuvres de celles-ci… Le jour de la fête des pères, il se retrouve seul, livré à lui-même. En un sens, il appelle de ses voeux l’apparition de ces deux diablesses jeunes et sexy, et la destruction de tout ce qu’il a bâti. Son châtiment n’est pas tant l’expiation d’une faute que la concrétisation de son mal-être. »

Amusante et efficace récréation, Knock Knock rappelle de loin, et sans l’ambition, aussi bien The Last House on the Left de feu Wes Craven que le Funny Games de Michael Haneke. En beaucoup plus pop, moins constipé. Très série B. Interviews de Keanu Reeves, Lorenza Izzo et Ana de Armas en suppléments Blu-ray.

NICOLAS CLÉMENT

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