Ambassadeurs d’un rock psyché et enfumé, les Dandy Warhols ont sorti leur dernier album sur leur maison de disques: Beat The World Records. Tout un programme.

Une interview avec les Dandy Warhols a toujours un petit quelque chose de chaotique. Quand elle ne se présente pas sous la forme d’une séance chez le psy, affalé dans un canapé, elle ressemble à une partie de chaises musicales.  » Zia, tu me remplaces? Je crève la dalle. J’ai besoin de manger un truc » , lance le charismatique Courtney Taylor Taylor à sa toujours charmante claviériste. Deux minutes plus tard, le lascar réapparaît.  » Tout compte fait, je vais peut-être rester. On doit donner un autre entretien, mais c’est à un gamin. » Amusant venant de grands enfants qui, dans la foulée, passeront une grosse demi-heure autour d’une table de ping-pong défiant, raquette à la main, tous ceux qui se promènent dans le backstage des Ardentes.

L’ami Courtney est aussi cool que cinglé. Gentil que grande gueule. Cela peut donner des citations du genre:  » Je n’écris pas de chansons. Je les attends. Je m’assieds et elles viennent toutes seules. Encore et encore. Et tout ce que j’espère, c’est de ne pas les oublier.  » Ou:  » Tu ne peux pas proposer deux fois en suivant le même album. Sauf AC/DC, les Strokes et les White Stripes. » Son dernier disque, l’éclaté… Earth to the Dandy Warhols…, le groupe de Portland ne s’est pas contenté de l’enregistrer dans son studio. Il l’a aussi sorti sur sa maison de disques: Beat The World Records.  » Les problèmes que nous avons rencontrés avec Capitol sont probablement les mêmes que ceux auxquels nous aurions fait face avec d’autres majors, analyse le guitariste Pete Holmström. Nous ne voulions pas nous lier à nouveau avec ce genre de structure. Tomber dans les mêmes travers. Nous voulions contrôler notre destin.  » Mener le jeu en somme. Décider comment la musique atterrira dans les mains et les oreilles des fans. Zia met son grain de sel:  » Je pense que tous ceux qui ont déjà du soutien, une plate-forme, une notoriété, une crédibilité, comme Nine Inch Nails, Radiohead ou les Dandy, ont besoin d’innover. D’essayer quelque chose de neuf. De manière à ce que les autres puissent tirer les leçons de leurs erreurs. »

Abonnez-vous

Les bohémiens de l’Oregon ont ainsi lancé un système d’abonnement via leur site Internet. Il donne accès, pendant un an, à leurs albums, remixes, reprises, à prix fixe.  » Un prix qui doit représenter l’achat de deux ou trois disques (34,99 dollars), ajoute Courtney. Nous avons dépensé beaucoup de temps et beaucoup d’argent pour donner vieà quelque chose qui, on le pense, est plus ou moins… parfait. Mais les trois quarts des gens estiment que la musique est gratuite. Voilà le non-sens de l’industrie. Si un truc est incroyablement beau et bien foutu, moi, je paie. Le MP3 ne sonne pas bien. Voilà pourquoi il ne coûte rien.  »

Assistance

Contrairement aux Futureheads qui ont monté leur structure pour sortir leurs albums, et pas ceux d’autres artistes, les Dandy affichent une optique plus altruiste.  » Notre label est destiné à des groupes qui sont vraiment bons dans leur domaine, qui travaillent dur. Nous essayons de leur offrir les connexions, les numéros de téléphone, les contacts dont ils ont besoin pour faire leur trou. Sans qu’un label n’entre dans le jeu. Mette un paquet de pognon sur la table. Les emmène en tournée. S’ils en veulent vraiment, s’ils sont prêts à bosser, ils vont y arriver. Au moins, ils n’auront personne à blâmer. On peut les introduire, nous, auprès des gens qu’il faut. On peut même les aider à s’organiser. Leur expliquer ce qui est important. Blablabla… Nous ne voulons pas devenir une maison de disques traditionnelle qui investit un tas de fric sur quelques groupes pour décrocher le jackpot.  »

« On emmerde Steve Martin »

Si les artistes vendent des disques, ce sont eux qui empocheront le pognon. Les Dandy ne prennent pas de commission. Ils se chargent, par contre, des présentations.  » Spindrift fait dans le spaghetti western. The Upsidedown est une version germanique des Dandy Warhols. Un peu comme si les Dandy faisaient du krautrock. Logan Lynn propose une musique de dancing gay indé. Et Hazelwood Motel, un mélange d’Eliott Smith et de Mazzy Star. » Tous ont terminé leur album et cherchent à le vendre.  » On y applique juste notre étiquette de manière à ce que nos fans prennent la peine de les écouter. Ils font leur truc. On ne veut pas aider ces groupes à terminer leur disque.  » Mais leur éviter les plans foireux, l’entourage parasite qui aurait pu les mener à leur perte.  » Nous n’avions pas de manager, mais nous étions gérés par une grosse boîte du genre Capitol. Elle pouvait nous fournir en herbe et en coke. Mais à part ça, elle ne foutait rien. On aurait coulé si on avait continué à bosser avec ces gens. C’eut été un fiasco.  »

Courtney préfère maintenant s’entourer de légendes. Mark Knopfler et Mike Campbell ont participé aux enregistrements de … Earth to the Dandy Warhols… :  » On a voulu inviter Steve Martin à jouer du banjo mais ça ne s’est pas concrétisé, commente-t-il. Son manager est un plouc. Peut-être que Steve est un plouc aussi. On s’est dit: on l’emmerde. On va bosser avec le meilleur joueur de banjo du monde.  » Ils ont donc demandé conseil à leur ami Mike Campbell rencontré lors de concerts avec Tom Petty. Il leur a répondu que c’était lui… L’affaire était dans le sac. Mark Knopfler a accepté de jouer de la guitare.  » Je lui ai demandé s’il était prêt à utiliser la gratte qui est sur la pochette de Brothers in arms . Et il l’a fait. T’imagines. Une guitare de presque 100 ans sur notre disque. Jouée par l’un des plus grands experts de picking de l’histoire. J’aime bien Dire Straits. Quand j’étudiais, on allait de temps en temps, mes potes et moi, à la mer passer une semaine. On écoutait en boucle son live en prenant des champignons.  »

www.dandywarhols.com

En concert le 2/12, à l’Ancienne Belgique,

à Bruxelles.

Texte Julien Broquet

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