JAMES GRAY FAIT DE L’ACTRICE FRANÇAISE L’HÉROÏNE TRAGIQUE DE THE IMMIGRANT, TANDIS QUE CANET L’ASSOCIE À BLOOD TIES, FANTASME DE CINÉMA AMÉRICAIN DES 70’S.

The Immigrant

DE JAMES GRAY. AVEC MARION COTILLARD, JOAQUIN PHOENIX, JEREMY RENNER. 1 H 57. DIST: COMING SOON.

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Depuis qu’elle a obtenu l’Oscar pour son incarnation de La Môme, d’Olivier Dahan, Marion Cotillard a vu sa carrière se déployer avec un même bonheur des deux côtés de l’Atlantique. Au même titre que Jacques Audiard en son temps, ou les frères Dardenne aujourd’hui, les Michael Mann, Steven Soderbergh ou autre Christopher Nolan comptent ainsi parmi les réalisateurs ayant contribué à ciseler son talent; un club très relevé, auquel il convient d’ajouter encore James Gray, qui lui confiait, en 2013, le premier rôle de The Immigrant. Soit, dans les années 20, l’histoire d’Ewa, jeune immigrante polonaise débarquée avec sa soeur Magda à Ellis Island, des rêves d’Eldorado américain plein la tête. Mais qui, sa cadette, tuberculeuse, ayant été placée en quarantaine, va se retrouver livrée aux bas-fonds de Manhattan, pour tomber dans les filets de Bruno (Joaquin Phoenix), un proxénète charmeur, ne lui laissant bientôt d’autre ressource que la prostitution. Destin funeste auquel elle se résignera afin de sauver sa soeur, l’irruption d’Orlando (Jeremy Renner), illusionniste et cousin du souteneur, lui donnant quelque raison d’espérer.

A la suite de la jeune femme, James Gray signe un pur mélodrame « borzagien » -sublime, la photographie de Darius Khondji en a d’ailleurs la patine-, un film d’une sincérité désarmante et d’une intensité humaine bouleversante. Portée par un lyrisme discret, la mise en scène du réalisateur new-yorkais trouve ici des accents déchirants, au diapason de la prestation d’une Marion Cotillard fiévreuse. On songe à Janet Gaynor, le film assumant son héritage du muet, classique au point de pouvoir apparaître anachronique. Une merveille, malheureusement dénuée de compléments.

Polar vintage

Si la Monica que campe l’actrice dans Blood Ties fait le tapin elle aussi, le contexte du film de Guillaume Canet est néanmoins sensiblement différent. L’action se situe dans le New York des années 70, en effet, cadre d’un polar gravitant autour de deux frères, un flic, Frank (Billy Crudup), et un truand, Chris (Clive Owen). Deux hommes que tout sépare donc, n’étaient les liens du sang (qui donnaient son titre au film français à l’origine de ce remake), et qui vont être rattrapés par leur histoire commune après que Chris a purgé sa peine… Pour son premier film américain, Canet s’attèle à un thriller vintage, un hommage appuyé et élégant au cinéma américain des années 70. Joliment maîtrisé, l’exercice de style recèle quelques morceaux d’anthologie (la scène du braquage) non sans être porté par une distribution de premier plan -aux susnommés, il convient d’ajouter James Caan, Lili Taylor ou autre… Matthias Schoenaerts- et un soundtrack millésimé. De quoi faire oublier le côté scolaire d’une entreprise retracée par Canet dans le making of.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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