Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

UN RÉCIT POST-APOCALYPTIQUE NÉ EN ALLEMAGNE QUI EMPRUNTE SON ESTHÉTIQUE À L’ANIMATION ET AUX JEUX VIDÉO… CETTE BD-LÀ RESSEMBLE À PEU D’AUTRES.

Gung Ho (tome 2)

DE THOMAS VON KUMMANT ET BENJAMIN VON ECKARTSBERG, ÉDITIONS PAQUET, 80 PAGES.

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Les mondes post-apocalyptiques ne sont pas toujours noirs, gris ou charbonneux; dans Gung Ho, il est rose fluo! Et ce n’est qu’une des particularités pop de cette mini-série hors-norme et allemande, promise en cinq tomes, et techniquement sans équivalent. Il a en effet fallu près de deux ans à ses auteurs pour venir à bout de ce deuxième tome, très différent, dans ses ambiances, du premier. « Normal, a tenté de nous expliquer son « graphic designer » plus que dessinateur Thomas Von Kummant, Benjamin a écrit l’histoire de Gung Ho en cinq tomes, mais vraiment comme un film; le premier volume était une sorte de bande-annonce ou d’introduction, celui-ci est à prendre comme les dix ou vingt premières minutes, là où, avant l’action, les spectateurs font plus ample connaissance avec les personnages et leurs tempéraments. » Et de fait, on se croirait cette fois dans un « teen movie » plus que dans World War Z, avec ambiance estivale, camp de vacances et amours adolescentes! « Sauf qu’ici, à Fort Apache, le danger et la mort peuvent survenir à n’importe quel moment. Et ça c’est vraiment cool. »

Format BD, look d’animation

Dix ans avant de se retrouver ici, « dans un futur proche, quelque part en Europe, colonie n°16, au sein même de la Zone de danger », une mystérieuse « plaie blanche » a presque décimé toute la population. Il ne reste que ces colonies, fortifiées, militarisées, reliées entre elles par le seul chemin de fer, et cernées de monstres. Dans ce contexte un brin flippant, débarquent deux jeunes recrues, les frères Goodwoody. Un enfant et un ado orphelins, turbulents et qui vont se confronter à cette fameuse « plaie blanche » tout en apprenant les règles de vie de cette communauté pas si cool que ça… Techniquement, Gung Ho est sans équivalent. Réalisés entièrement sous Photoshop, les dessins de Von Kummant ne présentent aucun trait noir et affichent une esthétique que l’on croise habituellement dans la pub, l’animation ou le jeu vidéo, mais beaucoup plus rarement en BD.

« Je cherchais quelque chose de très différent de LaChronique des Immortels, notre premier album, confirme le jeune auteur allemand. Pour moi, chaque histoire doit vraiment avoir son style propre. Je ferai sans doute tout autre chose après ceci. On cherchait quelque chose de spécifique pour le marché français, mais il compte tellement de bons artistes! J’ai donc fait le choix pour Gung Ho de tout faire sur ordinateur et Photoshop, sans trait noir. »

Et s’il cite Loisel et Peter Pan comme l’un de ses grands chocs graphiques, du genre à lui avoir donné envie de faire de la BD, c’est d’évidence vers d’autres médias et repères que lorgne Gung Ho. Ceux du genre à faire l’unanimité auprès du public adolescent, première cible de cette mini-série d’une grande modernité.

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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