Ceux qui partent

Ellis Island, 1910: un bateau de plus en provenance d’Europe accoste au purgatoire pour migrants, en quête du paradis américain à portée de main. À son bord, Donatio Scapa, fils de cordonnier, acteur veuf qui s’accroche à son exemplaire de L’Iliade comme à une bouée, et qui se conçoit comme le gilet de sauvetage de son unique fille Emilia, impatiente de partir à la découverte du Nouveau Continent… et d’un autre: son corps. Ils sont nombreux sur ce seuil, cette marche de l’Amérique, à ressasser le passé, leur passé, leurs morts, leurs tribus, leur tribut avant de choisir d’aller de l’avant, le vent en poupe, de tracer leur sillage, sans pourtant jeter par-dessus bord leur bagage de souvenirs et leurs traditions. Roman choral qui raconte l’émigration plus ancienne ou celle issue des tempêtes du début du XXe siècle, Ceux qui partent se déroule sur fond de statue de la Liberté, parle de statut et de liberté: celle de la chair et des esprits. C’est un chant, une épopée comme celle d’Homère, et son style est celui de la scansion, parfois grandiloquente, mais moins tout de même que le style ébouriffé d’un Laurent Gaudé. Le fil d’Ariane de ce roman oral est, au-delà des langues diverses qui hantent ses personnages, la langue.

De Jeanne Benameur, ÉDITIONS Actes Sud, 336 pages.

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