De Tony Curtis, avec Mark A. Vieira, Éditions Le serpent à plumes, 320 pages.

Tony Curtis s’attelant à la rédaction de ses souvenirs, ceux du tournage de Some Like It Hot de Billy Wilder, et de sa relation avec Marilyn, en particulier, et voilà l’imaginaire cinéphile qui s’offre une balade du côté du mythe. Il ne faut d’ailleurs que quelques pages à l’acteur pour planter le décor, irréel, celui d’un temps où Hollywood était l’usine à rêves, Olympe dont les stars ne descendaient que fort occasionnellement, et encore. Genre: « Je traversais Beverly Hills au volant de la voiture que m’avait obtenue mon agent Lew Wasserman, une Rolls-Royce décapotable, carrosserie argentée, intérieur noir. Ce jour-là, je tournais en rond. La situation était tendue à la maison, alors j’ai décidé d’aller me promener, pour acheter une paire de chaussures neuves. »

Petite cause, grands effets: une rencontre appelant l’autre, voilà bientôt Curtis engagé par Billy Wilder pour Some Like It Hot, sommet incontesté de la comédie, et une aventure qu’il retrace ici par le menu, de l’écriture au tournage -mouvementé. S’il ne manque pas de souligner le génie de Wilder, c’est toutefois la présence de Marilyn qui accapare l’acteur. Tous 2 aspirants stars, ils avaient eu une aventure 8 ans plus tôt, et renoueront à la faveur du tournage à l’hôtel del Coronado -épisode que Curtis relate avec force détails, et auquel Arthur Miller viendra mettre bon ordre dans la douleur. Au-delà de leur relation intime, c’est un portrait paradoxal de la femme, « petite fille dans un corps de rêve », que livre le comédien, débordant bientôt sur celui de l’actrice, qui « excellait dans les scènes ininterrompues, mais perdait brutalement confiance dès qu’il s’agissait de tourner des séquences courtes ou en gros plan. » Curtis raconte ainsi comment lui et Jack Lemmon en étaient venus à parier sur le nombre de prises nécessaires à leur partenaire pour produire une réplique aussi simple que « Où est ce bourbon? ». Mais voilà, « Nobody’s Perfect »; le comportement et les caprices de sa star (la plaisanterie en cours sur le plateau voulait que les initiales M.M. signifient Marilyn manquante) valurent à Wilder une dépression, le film demeure, pour sa part, un chef-d’£uvre inaltérable. Dévoilé ici sous un jour documenté et savoureux…

J.F. PL.

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