Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

HAUTEMENT EXPERIMENTAL! – Le Palais de Tokyo offre une salle de jeux de 4 000 m2 à Loris Gréaud, jeune artiste surdoué. Parties de paintball, bonbons sans goût et champagne noir en perspective.

Au Palais de Tokyo, à Paris. Du 14 février au 27 avril.Voici l’histoire du Studio, un vaste atelier dispersé dans l’espace et le temps. Même maintenant, les machines vrombissent, les plans programment et les électrons girent d’après une chorégraphie fantastique. Il s’agit moins d’une « Usine à rêves » que d’une « Usine qui rêve », une chaîne de montage plus stratosphérique que le haricot magique de Jack et plus déformante que le miroir d’Alice, un lieu où les câbles grimpent aux nuages, et où les nano-circuits frangent l’horizon. » Le teaser allèche, il en fait fantasmer plus d’un. Il est extrait de l’opéra qui accompagnera Cellar Door, l’exposition dont le seul nom fait frémir l’intelligentsia parisienne. Et pour cause, Marc-Olivier Wahler, directeur du Palais de Tokyo, a fait preuve d’une audace inouïe en confiant pour la première fois l’ensemble du site – 4 000 m2 – à un seul et même artiste pendant 3 mois. Du coup, c’est peu dire que le tandem est attendu au tournant. D’autant que Loris Gréaud n’affiche même pas 30 ans au compteur. Cela dit, son CV impressionne. Artiste multiple, passionné d’architecture, de cinéma et de mécanique cantique, ce Parisien d’adoption est à la fois fondateur d’un atelier de cinéma expérimental, producteur d’un label de musique électronique et chef d’entreprise.

A REBOURS

En 2004, en association avec les architectes Marc Dölger et Damien Ziakovic, Gréaud avait créé DGZ Research, un studio de production spécialisé dans les projets utopiques. L’association avait accouché de plusieurs concepts décalés: architecture de courant d’air, sculptures invisibles, champagne noir et autres bonbons au goût de néant. Quelques-uns de ces projets emblématiques se retrouvent au sein de Cellar Door. Le propos artistique de Loris Gréaud est ambitieux. Il prend à rebours une position dominante de l’art contemporain qui consiste à prouver que tout peut entrer dans une exposition. A l’opposé, le jeune créateur veut montrer que tout peut sortir d’une exposition. Il souligne la formidable force de productivité des images et des formes. Cellar Door est la métaphore de ce discours: l’exposition se présente comme un gigantesque organisme piloté en temps réel depuis un cerveau central. C’est à cet endroit précis qu’un ingénieur active les £uvres et produits l’habillage sonore à la façon d’un génial marionnettiste. A travers une série de bulles, l’étrange dispositif génère à tout va, depuis un feu d’artifice enterré à 3m70 sous terre à une partie de paintball activée chaque demi-heure par des intervenants recrutés à cet effet. Tout cela promet d’être expérimental à souhait même si la rhétorique conceptuelle de l’exposition se prend parfois les pieds dans un tapis d’idées brumeuses.

u www.palaisdetokyo.com

MICHEL VERLINDEN

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