Carton monstre

Événement de cette fin d’année, Pokémon Epée et Bouclier entretient la flamme des RPG au tour par tour. Un phénomène culturel qui traverse les âges.

L’incommensurable succès de la saga des Pokémon ne se mesure pas qu’à ses 346 millions de jeux écoulés sur près d’un quart de siècle. Dans les cours de récré, bien avant d’avoir l’âge de prendre un joypad en main et sans même en saisir les règles, les kids s’arrachent ainsi leurs cartes à jouer. Le phénomène traverse désormais les générations, de parents et d’enfants. Le tout, en entretenant une communauté qui cultive des liens émotionnels puissants avec ses créatures. La sortie de Pokémon Épée et Bouclier en témoigne avec force. Pour éviter de perdre la sauvegarde d’un bestiaire Pokémon de 1996, la chaîne YouTube My Life in Gaming détaille sur une vidéo (très pro) de 40 minutes comment changer la pile d’une vieille cartouche de jeu Game Boy. Aussi digitales soient-elles, les créatures du jeu star de Nintendo suscitent toujours un sentiment d’attachement avec leurs dresseurs presque quarantenaires.

L’annonce de la réduction du Pokédex de 800 à 400 monstres sur le nouveau Pokémon Épée et Bouclier et l’impossibilité de transférer certains d’entre eux des précédents épisodes vers ce nouveau volet a donc provoqué l’ire des fans, sur le Web. Ces protestations émises depuis un clavier n’ont toutefois pas infléchi son succès. Au Japon, Nintendo précise ainsi que le dernier volet de la franchise se hisse comme le plus gros lancement de l’Histoire de la Switch: soit 1,365 million de copies physiques écoulées en à peine trois jours.

Maxi monstres, mini changements

Pokémon Épée et Bouclier ne réinvente pourtant pas la grande roue des jeux de rôle au tour par tour. Via des menus déroulants, on y sélectionne l’attaque magique ou physique la plus efficace, selon une foule de paramètres facilement assimilables. Un jeune aspirant champion au coeur vaillant, une mère aux fourneaux, un meilleur pote et son grand frère doué, des antagonistes hautains: l’ultra-classicisme du nouveau monde so British de Pokémon est rythmé par des combats en arènes entrecoupés de captures et d’évolutions des créatures.

En duel, l’efficacité d’un Pokémon contre un adversaire dépend toujours de sa nature (eau, feu, plante…) et on jongle entre six bestioles soigneusement sélectionnées selon le profil de l’adversaire. Nouveauté marquante, le Dynamax agrandit temporairement sa créature dans certaines arènes. Ce tourw de passe-passe assez jubilatoire se solde également par des joutes de plusieurs dresseurs (en coop’ avec des joueurs en ligne ou via des bots) contre des monstres géants.

Se vivant comme une chasse aux oeufs de Pâques, Pokémon Épée et Bouclier reste hélas très guidé et linéaire. Le monde ouvert de ses Terres Sauvages n’y change rien. De l’installation d’un Poké Camping où l’on cuisinera des baies récoltées en cours de route à la recherche, dans de hauts fourrés, de créatures rares, l’ensemble huilé comme une horloge suisse efface toutefois la notion du temps. Un bienfait. Car Pokémon est aussi une histoire de transmission aux plus jeunes: celle de l’amour des RPG au tour par tour, une espèce ludique en voie d’extinction.

Pokémon Épée et Bouclier

Édité par Nintendo et développé par Game Freak, âge: 7+, disponible sur Nintendo Switch.

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