Cachez ce visage…

© Carrie Mae Weems, Blue Notes (Claudia Lennear #1), 2014, archival inkjet print with silkscreened color blocks courtesy Maruani

Chaque semaine durant l’été, Gros plan sur un artiste essentiel de la scène plastique afro-américaine.

 » Permettez-moi de dire que ma principale préoccupation en art, comme en politique, est le statut et la place des Afro-Américains dans notre pays. » Telle est la phrase que l’on aime retenir à propos de l’oeuvre de Carrie Mae Weems (1953, Portland). Si la sentence indique un point de départ, un ancrage, elle ne suffit pas à résumer le travail complexe de cette artiste visuelle qui vit et travaille entre Brooklyn et Syracuse. À l’origine, c’est vrai, il y a souvent le portrait, l’image, l’Histoire de la communauté noire. Il reste qu’à l’arrivée, le résultat est comme « compliqué » par des gestes formels audacieux -filtres, effacements, floutage- qui attirent l’attention sur les hypothèses et les stéréotypes entourant l’apparition des sujets qu’elle choisit d’isoler. Pour cause, les photographies de Carrie Mae Weems scénographient un hiatus entre la pure présence humaine et la représentation publique. En ce sens, la série Blue Notes (2014-2015) est très éloquente en ce qu’elle met en scène des artistes noirs dont les visages sont couverts par des blocs de couleur unie -ici, il s’agit de Claudia Lennear, une choriste soul ayant officié pour le couple Turner, David Bowie ou George Harrison… Mais dont la carrière solo fut un échec. Cette approche iconoclaste se comprend à la fois comme une réflexion et une critique de l’effacement historique des artistes noirs par les rouages surdéterminés de l’industrie du spectacle américaine. Carrie Mae Weems est représentée en Belgique par la Maruani Mercier Gallery.

www.carriemaeweems.net

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