Bruce Davidson
Au premier coup d’oeil, on dirait deux acteurs de cinéma. Mais le glamour se dissout rapidement dans l’âtre de leurs regards prématurément cernés où danse une flamme de défi. Et puis il y a ces tatouages sur les bras du garçon, une pratique encore très marginale en 1959, comme un cri de révolte silencieux. De fait, ces ados dont Bruce Davidson (aujourd’hui 83 ans mais 25 seulement à l’époque) raconte le quotidien -soirées arrosées, virées à Coney Island, étreintes fougueuses, jeux dangereux…- ne sont pas des enfants de choeur. Ils font partie d’un gang de Brooklyn, arrière-cour du rêve américain dans les années 50. « Ils étaient pauvres, ils étaient malheureux, ils étaient violents, ils étaient sexuels, ils étaient pleins de vie« , racontera plus tard le photographe américain, qui a su capter dans son noir et blanc organique les pulsations d’une jeunesse prise en étau entre l’urgence de vivre et la mélancolie d’un présent volatile.
Chaque semaine, hommage à un photographe qui a su capter l’essence inflammable de la jeunesse.
L.R.
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