20.45 BE SÉRIES
UNE SÉRIE AMC CRÉÉE PAR VINCE GILLIGAN. AVEC BRYAN CRANSTON, AARON PAUL, ANNA GUNN.
Réduite à sept misérables épisodes à ses débuts pour cause de grève des scénaristes, Breaking Bad a depuis largement pris sa revanche. La série s’est offert dans la foulée de cette timide salve inaugurale une seconde rafale gorgée de treize épisodes; une troisième saison étant d’ores et déjà confirmée sur les écrans américains pour le printemps 2010. Tandis qu’une véritable pluie d’awards, récompensant aussi bien l’impeccable Bryan Cranston que les qualités scénaristiques et formelles de l’ensemble, n’a de cesse de venir gonfler un succès éclatant, aussi bien critique que public d’ailleurs. C’est peu dire, donc, que la série initiée par Vince Gilligan, scénariste de X-Files en son temps, arrive dans nos contrées cathodiques auréolée d’une solide réputation, emportant d’avance une adhésion générale qui, sur papier, n’avait pourtant rien d’une évidence. Car, à mille lieues de la surenchère visuelle et narrative ayant largement cours dans la production télévisuelle contemporaine, Breaking Bad a en fait tous les attributs du petit film d’auteur ne craignant ni les silences ni le vide. Une exigence et une sobriété qui font écho à un propos brassant des thèmes à priori peu ragoûtants – la drogue, le mensonge, la maladie, la mort – dont la portée quasi existentialiste déploie justement sa pleine mesure dans les creux, les temps morts du récit.
WHITE SPIRIT
Breaking Bad, c’est avant tout l’histoire d’un basculement (« to break bad » signifie littéralement « mal tourner » et, par extension, « péter les plombs »). Celui que va connaître la vie jusque-là rangée de Walter White, professeur de chimie effacé dans un lycée d’Albuquerque. à la veille de ses 50 ans, Walter apprend qu’il est atteint d’un cancer du poumon arrivé en phase terminale. Une nouvelle dont l’effet sera aussi instantané qu’irrévocable sur son état d’esprit: d’acteur morne et passif de la vie, White va muer radicalement, empoignant les rênes de son destin pour quitter définitivement les rails d’un quotidien ronronnant. Afin de garantir une sécurité financière à sa femme, enceinte, et leur fils, handicapé, il va produire et vendre du crystal, une drogue synthétique psychostimulante et particulièrement addictive, avec l’aide de l’un de ses anciens étudiants. Le début d’aventures pour le moins corrosives…
Narrativement et formellement irréprochable, la série souffre pourtant du syndrome Mad Men, autre fleuron de la petite chaîne câblée AMC: si l’on admire la manière, on n’en ressent pas moins un ennui certes diffus mais bien réel. Trop parfaite pour être honnête? Trop maîtrisée que pour véritablement passionner plutôt…
Nicolas Clément
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