The Experimental Tropic Blues Band, PLUS hot et débridé que jamais, sort son deuxième album: Captain Boogie. Hippidy Hop…

Mardi 10 juin 2008. Hautregard Recording. Petit studio boisé planqué au fond d’une allée de la rue de Verviers, à Battice. C’est là, dans un début d’été moite, une chaleur de b£uf à peine atténuée par un ventilateur, que l’Experimental Tropic Blues Band enregistre son nouvel album. Au mur, une vieille affichette renseigne une soirée qu’on imagine enfumée au Phoenix Club. Dans la collection de disques, trône du dur. Encore du dur. Helmet, Slayer, Metallica, Biohazard, Minis-try… Normal. On est dans la tanière d’André Gielen. Ce vieux loup qui, au milieu des années 90, faisait hurler Deviate, Lofofora et Channel Zero. Les Tropic et John Roo, leur ingénieur du son, en sont à une full semaine de boulot. Ils ont encore une option sur la journée du lendemain. A la première écoute, ils semblent avoir durci le ton.

15 janvier 2009. Groningen. Festival Eurosonic. Les Liégeois jouent sur le coup de minuit au Shadrak, un club bien rock’n’roll aussi haut que long mais sacrément étroit. Deux heures avant un concert urgent et déglingué qui a séduit le programmateur des Eurockéennes de Belfort, les trois zigotos s’arrêtent avec une bouteille de whisky pour parler de leur nouveau disque Captain Boogie.

« Un disque libre. Nous voulions enregis-trer sans contrainte. Nous laisser aller. Essayer plein de trucs. Gueuler dans le micro. Quitte à ce que cela n’atterrisse pas sur l’album, résume Dirty Wolf. Avec Hellelujah, on s’était enfermé. Enfermé dans un côté un peu novice. »

A l’époque, ils se glissaient pour la première fois dans un vrai studio afin d’enregistrer avec Tropic. « Alors qu’on avait l’habitude de bosser dans des garages. La chambre des parents de notre ingé son, se souvient le rutilant batteur Devil D’Inferno. Même si un enregistrement ne se passe jamais comme tu l’imagines, on savait davantage cette fois où on mettait les pieds. »

Sans interdit

En confiance, les Tropic se sont émancipés des Cramps et autres Jon Spencer. Ils ont banni tout interdit. Evacué la pression. Dans leur juke-box se bousculent les Oblivians, Gallon Drunk, Johnny Cash, des vieux machins sixties, Nathaniel Mayer, Q Lazarus ou encore Kim Wilde…

« Moi, j’écoute des trucs débiles pour le moment. Ça me fascine. Le vol du bourdon au xylophone. La B.O. de Mary Poppins, avoue le guitariste exhibitionniste Dirty Wolf. Ces derniers temps, je suis braqué sur Shooby Taylor. Un type qui imite l’orgue avec sa voix. C’est magnifique. Super mal fait mais avec tellement de sincérité que ça en devient hyper touchant. Je suis bluffé par la vérité. la franchise. Je loue des CD’s à la médiathèque. Un mec notamment qui est convaincu d’avoir inventé la batterie alors qu’il tape sur des casseroles et que son enregistrement date des années 90. »

La vérité, les Tropic font plus que l’approcher. Ils l’incarnent. La transmettent. Leur disque, ils l’ont enregistré live. Tous dans la même pièce. Avec deux micros d’ambiance et un résultat plus dur, plus rock’n’roll.

« De toute façon, à partir du moment où tu vends 2000 exemplaires de ton album, tu ne souffres pas de la crise du disque. Puis, jusqu’ici, nous avons toujours doublé notre chiffre d’affaire… » Les Tropic se marrent. Ne se prennent pas au sérieux. Sérieux qu’ils réservent à la musique. « Les petits groupes comme nous jouent tellement qu’ils ne vendent pas leur disque en magasins mais lors de leurs concerts. »

 » Et on ne les fait pas payer 18 ou 20 euros, assène Boogie Snake. Les problèmes de l’industrie pourraient peut-être même nous servir. L’argent qu’il ne claque pas dans un album, l’auditeur le mettra peut-être dans le merchandising ou dans un ticket de concert. »

Qu’on ne se méprenne pas. Les Tropic adorent l’objet. Ils aiment le disque. Vénèrent le vinyle. Lorsqu’il avait fait envoyer des copies promos d’ Elephant sous forme de 33 Tours à la presse, Jack White affirmait haut et fort qu’un journaliste sans platine ne méritait pas d’écrire sur les White Stripes. Les trois Liégeois, eux, offrent juste un morceau supplémentaire aux amoureux du disque noir. Son titre? Bad Reputation.

Captain Boogie, chez Bang!-Pias. Cote: 4.

En concert à l’ Entrepôt ( Arlon) le 27/2, au Palace ( La Louvière) le 28/2, au Depot ( Leuven) le 26/3, au Minimeers ( Gand) le 29/3, au CC René Magritte ( Lessines) le 28/3, au Trix ( Anvers) le 29/3 et aux Ecuries de la Caserne Fonck ( Liège) le 4/4.

Texte Julien Broquet

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