EN CETTE PÉRIODE D’EXAMENS, PETIT CLIN D’oeIL À CES ÉTUDIANTS QUI FONT LE CHOIX D’ÉTUDIER EN MUSIQUE. MAUVAIS POUR LA CONCENTRATION? PAS SI SÛR…

Attention, spoiler. A la fin de cet article, on vous affirmera que cela dépend des gens. Qu’il n’y a pas de règles universelles. Que chacun, finalement, trouve son bonheur comme il le peut, en fonction de sa sensibilité. Pour autant, ne quittez pas tout de suite ces lignes. Parce que dans les (ex-)étudiants que nous avons interrogés, certains écoutaient 2Unlimited, Guns’N’Roses et même… Francis Cabrel! A fond qui plus est! « Je fredonnais mon cours sur le rythme de la musique et comme je ne voulais pas trop m’entendre chanter comme une casserole, je mettais la musique assez fort… Pauvres voisins », raconte Fabrice, dont la méthode déborde à tout le moins de personnalité.

Mais qui sont ces gens qui préfèrent étudier en musique plutôt que dans l’apaisement silencieux d’une abbaye fromagère? « Personnellement, je n’ai pas besoin d’être au calme pour être efficace. Au contraire, ça me permet de « voir autre chose » et d’éviter la monotonie », souligne Alexis, 18 ans, qui bosse au son de Tryo, La Rue Kétanou ou Irma.

A la veille d’une nouvelle session d’examens qui mettra leurs neurones à rude épreuve, les étudiants s’appliquent comme ils peuvent. Pas le choix. « La musique me permet de me concentrer plus facilement. Mais aussi de réviser dans la bonne humeur et de faire passer le temps beaucoup plus vite », poursuit Alexis, rappelant que, pour un paquet de students, bûcher reste globalement une torture. Ou une sorte de cuiller d’huile de foie de morue qu’on ferait passer plus facilement avec un peu de miel musical. « Ça met un peu de joie, de plaisir dans un moment chiant. Parfois, quand j’ai un trou de mémoire en interro, une mélodie peut me faire souvenir de la matière », lance Munya, 21 ans, en touchant l’une des premières balises théoriques de la thématique, celle de la mémorisation par association. « Sur le plan de la mémoire, il est en effet plus facile de récupérer en musique une information qu’on a encodée sur cette musique, confirme Jean-Christophe Bier, responsable de la Clinique de la mémoire, à l’hôpital Erasme. En se remettant dans le contexte, on a plus de chance de retomber sur la donnée qu’on a stockée en mémoire. » Ce que valide Alexia, étudiante en Sciences de la communication à la KUL: « Je préfère écouter de la musique parce que, et ça peut paraître bizarre, je suis moins distraite de cette manière. Ça m’aide aussi à mieux retenir le contenu: quand j’étudie, je mets souvent une chanson sur repeat, comme ça je peux lier les chapitres que j’étudie aux chansons et cela m’aide à tout retenir », enchérit-elle.

Etudier en musique peut donc se révéler bénéfique. Toujours en fonction des personnalités. « Ce qui est sûr, c’est que la musique a de l’impact sur les capacités cognitives, en particulier au niveau émotionnel. Ça rend plus serein, moins irritable. Bon, cela dit, cela dépend de la musique… Mais il est clair que la musique modifie la perception qu’on a de l’environnement. On peut avoir une impression de rallongement ou de raccourcissement du temps: le phénomène le plus fréquent, c’est quand la musique est agréable et qu’on a l’impression que le temps s’est écoulé plus rapidement. Cela peut avoir un impact sur les études, quand on a l’impression d’avoir étudié moins longtemps que le temps réellement consacré », note encore le neurologue Jean-Christophe Bier.

La mélodie, pas le texte!

La musique peut donc jouer le rôle de fenêtre à oxygène dans un moment clos, et parfois anxiogène. Mais comme on vous le disait au début de cet article, in fine, l’essentiel, c’est de bien se connaître et de savoir comment on réagit aux stimuli. Or, à cet égard, aucune règle précise n’a encore été dégagée. « Il n’y a pas d’étude qui permet de dire si étudier en musique est mieux ou moins bien. L’important, c’est de favoriser un environnement propice à l’étude. Certains ont besoin de musique. Mais globalement, c’est tout de même pour beaucoup une source de déconcentration », estime quant à lui Martin de Duve, directeur d’Univers Santé à l’UCL. Une déconcentration qui, si l’on en croit Alexia, serait un moindre mal: « Quand j’étudie avec de la musique, je suis moins tentée de prendre mon portable ou de tripoter ce qui se trouve sur mon bureau, parce que j’ai déjà la musique qui « m’occupe ». »

Sur un forum lié à la question, un internaute postait naguère cette remarque plutôt pertinente: « Eviter des paroles en français. C’est bénéfique lorsqu’on se fait guider par la mélodie, pas par le texte! » Ce que confirme Benoît, ancien étudiant très disert sur le sujet: « Je n’avais pas de préférence marquée pour un groupe ou un chanteur en particulier. Mais il y avait quelques règles. J’écoutais uniquement des trucs que je connaissais déjà -et que j’aimais bien, cela va de soi. A l’époque, c’était encore des CD que je choisissais avec attention, selon l’humeur du moment. Pas trop fort, fallait pas déconner non plus. Et pas en français, histoire de ne pas être accroché par les paroles. Du balisé donc… »

Etudier en silence ou en musique n’aurait donc qu’un impact lié aux personnalités forcément variées de chacun. « C’est pour cela que le sujet est très difficile à étudier scientifiquement, lance encore Jean-Christophe Bier. Les paramètres -sorte de musique, type de population, capacités de chacun- sont trop variables. Aucune firme n’est prête à financer ce genre d’étude. » A moins que Sony, Universal et les autres ne se mettent à vouloir démontrer que bûcher en musique serait la solution miracle. A bon entendeur…

TEXTE Guy Verstraeten

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