
Blackport
Hjaltalin, petit port de pêche sur les fjords de la côte ouest de l’Islande, dans les années 80. Le maire, affublé de son assistante et de son frère capitaine de chalutier alcolo, entend bien faire bénéficier le coin de la nouvelle politique de quotas de pêche adoptée par le gouvernement. Quitte à s’affranchir des règles, pourvu que la prospérité soit au rendez-vous. Derrière son décor de bruit blanc, ses personnages aux tronches bien picturales et sa réalisation un peu punk, Blackport dresse un portrait limpide des conséquences politiques, économiques, sociales et familiales dramatiques d’un programme de libéralisation qui, le temps d’une décennie, a dérégulé la mer, ses richesses et ceux qui en vivent. La série, Grand Prix du festival Séries Mania 2021, alterne attaque virulente contre les dérives de la propriété et chronique généreuse, tendre, d’une communauté aux liens de plus en plus délétères. Elle est portée par des personnages complexes, tordus, cassés mais fascinants, incarnés par des actrices et acteurs habités et animés par des dialogues savoureux. À mi-chemin, elle devient une farce féroce, frontale sur le capitalisme et ses affluents, la surexploitation du vivant, le sexisme, la domination. Dans le sillage du froid piquant d’Aki Kaurismäki et des éruptions caustiques des frères Coen, Blackport est une œuvre moins didactique que joyeusement outrancière, ne ménageant ni ses effets ni ses surprises pour démontrer les méfaits de la révolution néolibérale en Europe.
Série créée par et avec Gísli Örn Gardarsson, Björn Hlynur Haraldsson et Nina Dögg Filippusdóttir.
***1/2
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