Accords métalliques, énergie garage, avec une belle patine blues: les 2 jeunes gars de BBR n’inventent rien mais savent comment faire parler la poudre. From Dilbeek with love…
Le rock, c’est simple comme un coup de drille. Suffit de faire tourner la mèche jusqu’à percer la barrique et la faire exploser. Ce principe, les Black Box Revelation – alias Jan Paternoster et Dries Van Dijck – l’ont bien assimilé: leur 2e album, Silver Threats, fait dans le brut de décoffrage, l’électrique, le sauvage. Le tout sans laisser de trace, efficace, « propre », net. Bref le crime presque parfait.
Dans les années 2000, cette bonne parole électrique avait retrouvé vie et ampleur sous les coups de butoir des White Stripes notamment. C’est aussi à ce moment-là que le franc des Black Box Revelation tombe: pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? A l’époque, ils jouent déjà dans un groupe, dans lequel paradent également le frère de Jan et un autre pote. Jan: « On s’amusait bien à 4, mais au bout d’un moment, on s’est aperçu avec Dries qu’on arrivait parfois à de meilleurs résultats juste à 2. » Les deux s’échappent alors pour former Black Box Revelation.
Menaces argentées
Il y a donc Jan Paternoster, chant, guitare, et lippe vaguement « jaggerienne »; et Dries, batteur blond à l’£il espiègle de rigueur. Ils se sont rencontrés chez les scouts, du côté de Dilbeek, banlieue bruxelloise. Jan a eu l’illumination rock en voyant les Datsuns jouer sur la scène du Pukkelpop. Dries s’est lui pris Nirvana en pleine figure alors qu’il n’avait que 12 ans. Le rock qu’ils jouent a certes 40 ans d’âge, mais correspond bien à leur génération dans ce que sa pratique a ici de plus décomplexée. A la question du piratage, les 2 gus nient télécharger illégalement, mais, plus certainement, n’en ont juste rien à f… On les devine ambitieux. Mais aussi lucides. « Le rock n’a plus le pouvoir qu’il avait avant. Dans les années 60, les Stones représentaient quelque chose, ils amenaient un truc neuf. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. » Parce que le rock est rentré dans les m£urs, et se retrouve aujourd’hui noyé parmi des tas d’autres musiques.
Peu importe. Dries: « Pour nous, ce qui compte c’est l’énergie que charrie le rock, sa simplicité, son authenticité. En tout cas, c’est comme cela qu’on veut le jouer. » Et la formule de donner très vite des résultats. Une deuxième place au fameux Humo Rock Rally 2006, et dès l’année suivante, un premier album, Set Your Head On Fire. Ils n’ont alors que 16 (Dries) et 18 (Jan) ans… La sauce prend d’autant mieux que le duo se taille une solide réputation live. Ils partent d’ailleurs en tournée avec dEUS, Ghinzu, puis bientôt les Eagles of Death Metal. Avec des dates un peu partout en Europe, y compris en Angleterre ( « une douche froide – cela marchait déjà pas mal pour nous ici, et là-bas c’était comme si on repartait de zéro, à jouer dans des conditions vraiment pénibles »). Et même dans la foulée, une virée américaine (dans des clubs où les moins de 21 ans sont pourtant interdits…).
Voici qu’arrive aujourd’hui un 2e album. Silver Threats sonne la charge, encore plus brut. Mais aussi en introduisant des couches ou des nuances supplémentaires. Ainsi le folkeux Our Town Has Changed For Years Now ou les 9 minutes de Here Comes The Kick. Deux indices parmi d’autres qui font penser que les Black Box devraient passer sans encombres le stade de simple Revelation…
u Black Box Revelation, Silver Threats, Pias.
u En concert, e.a., à la Pias Nite, à Bruxelles, le 26/03; à l’Escalier, Liège, le 21/04…
Laurent Hoebrechts
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